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LA
PILOSOPHIE CHIMIQUE
ET
LES TRAVAUX DE M. BERTHELOT.

Chimie organique fondée sur la synthèse, par M. Marcellin Berthelot, professeur de chimie organique à l’École de pharmacie ; Paris 1860.

Pendant des siècles, la science fut considérée comme une branche de la philosophie ; puis vint un jour où elle s’en sépara violemment. Philosophes et savans semblèrent également avoir répudié les glorieuses traditions laissées par Aristote, Descartes, Leibnitz, Pascal. Tandis que les premiers, placés en dehors du mouvement des découvertes modernes et couvrant leur ignorance par le dédain, s’obstinaient à prendre l’âme humaine comme unique objet de leurs investigations, les seconds méconnurent trop souvent les rapports des sciences particulières avec une science, générale : habitués à l’analyse, à l’application exclusive de la méthode expérimentale, ils continuèrent laborieusement leur œuvre, sans se soucier des constructions idéales de la métaphysique. Ce divorce ne pouvait être de longue durée, et comme il semble toucher à sa fin ; peut-être est-il permis de reconnaître qu’il n’a pas été inutile. La science a tenu à prouver son indépendance, elle est désormais à l’abri de toute persécution scolastique ou religieuse ; mais l’esprit de l’homme est un, il est impossible de scinder cette noble ardeur qui l’entraîne vers le vrai. On peut affirmer que l’admirable développement de nos sciences