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seulement, avant l’emploi de la force pour obtenir la réparation des griefs, il doit y avoir un préliminaire de conciliation.

La question que je viens de soulever par ces derniers mots ne pourrait avoir d’importance que si la Porte-Ottomane, refusait à la France et à la Russie la réparation des griefs qu’ont ces deux puissances à propos des massacres de Damas. On n’a point oublié en effet que le consulat français à Damas a été pillé et que des missionnaires français ont été massacrés sous notre drapeau, qui a été insulté. Le vice-consulat russe à Damas a été aussi détruit, et le drogman a été tué. Nous voyons que ces griefs particuliers ont été réservés par les commissaires français et russes dans la première séance de la commission internationale à Beyrouth[1]. Tant que la France a été chargée par l’Europe d’exercer une action commune en Syrie, elle a dû mettre de côté ses réclamations particulières ; mais aujourd’hui que l’action commune a cessé, aujourd’hui que la Turquie a voulu être indépendante de tout appui français, il est juste qu’en reprenant toute la liberté de sa souveraineté, elle en reprenne aussi les obligations. Il est juste que la France et la Russie poursuivent la réparation de leurs griefs particuliers, que notre drapeau n’ait point été insulté et nos missionnaires massacrés impunément. Nous avons d’abord été sincèrement et gratuitement secourables. La Turquie ne veut plus que nous le soyons. Eh bien ! maintenant soyons justes, même envers nous. Dans le cas impossible à prévoir où la Turquie refuserait d’accorder à la France et à la Russie la réparation qu’elles ont droit de demander, ce serait le cas prévu par l’article 8 du traité de 1856 et de l’emploi de la force après essai de conciliation.

Nous avons vu tout ce qui, dans les papiers anglais, a rapport à l’expédition française en Syrie. J’examinerai dans un second article ce qui a rapport à la commission internationale, à ses délibérations à Beyrouth, à Constantinople, et enfin au régime futur du Liban.


SAINT-MARC GIRARDIN.

  1. Recueil des papiers anglais, p. 170, n° 163.