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l’armée de Ki-chen, en même temps que les assiégés attaquaient ces positions d’un autre côté. Les soldats de la milice ne purent les défendre ; ils les abandonnèrent et s’enfuirent en désordre après une courte résistance. « Pendant la nuit qui suivit cet engagement, dit le commissaire impérial dans son rapport, un détachement considérable sortit de la ville par la porte de l’est, et depuis ce moment, ajoute-t-il sans commentaire, les troupes impériales occupent de nouveau Yang-tchao. » L’empereur comprit que le laconisme de Ki-chen cachait un succès de l’ennemi, et que Yang-tchao n’avait pas été reprise par ses soldats, mais évacuée à dessein par les rebelles. En conséquence il condamna, par un décret, le commandant des troupes de la milice à être immédiatement décapité devant le camp, dégrada Ki-chen tout en lui conservant ses difficiles fonctions, et lui transmit des instructions qu’il lui ordonna d’exécuter sans retard sous peine de la vie. Le commissaire impérial dut envoyer une division de son armée pour reprendre Koua-tchao et I-tching, tandis qu’il se porterait rapidement au nord pour arrêter la marche des insurgés, qui avaient abandonné Yang- tchao-fou.

Laissons Ki-chen entreprendre avec ses troupes désorganisées la tâche périlleuse que lui a imposée son maître, et tâchons de préciser la situation de l’armée rebelle que les forces réunies des généraux Ching-paou et Tsang-ki-lin-sin tiennent bloquée aux environs de Tien-tsin-fou. Le 2 janvier, les bandes insurgées qui occupaient Tu-liou et Tsing-haï avaient voulu opérer leur jonction. Assaillie à l’improviste par trois mille hommes de Tsing-haï, la cavalerie impériale eût été forcée de lâcher pied sans l’arrivée des régimens du Ghirin, qui, la voyant dans une position difficile, se hâtèrent de se porter à son secours. Ching-paou put alors déployer son armée en deux ailes et refouler l’ennemi dans Tsing-haï, pendant que le général Koueï-fu mettait en fuite les insurgés de Tu-liou, et leur tuait cinq ou six cents hommes. « Résolu d’en finir avec cette bande de brigands impurs, » le commissaire impérial fit attaquer Tu-liou par toutes ses forces dans la nuit du 5 février, à dix heures du soir. Ses soldats surprirent l’ennemi, escaladèrent les remparts, mirent le feu aux palissades et reprirent possession de la ville. La garnison prit la fuite dans la direction de l’ouest. Quelques heures après, le général Tsang-ki-lin-sin remportait aussi un succès. Dans la matinée du 6, les rebelles sortirent en masse de Tsing-haï pour l’attaquer ; mais, intimidés par la « fière contenance de leurs ennemis, » ils s’enfuirent du côté du sud-ouest[1]. Poursuivis avec acharnement, ils essayèrent

  1. Il est probable que les garnisons rebelles de Tu-liou et de Tsing-haï, ne pouvant tenir plus longtemps dans ces deux places contre l’armée impériale, se seront entendues pour les évacuer simultanément et se réunir ensuite afin de tenter quelque nouvelle entreprise.