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une économie de près des deux tiers. L’assemblée proposa donc la création d’une imposition uniforme et proportionnelle à la taille ; c’est ce qu’on appelle aujourd’hui des centimes additionnels à l’impôt foncier. Elle prit en outre plusieurs précautions de détail qui ne contribuèrent pas peu au succès de l’opération. Les paroisses les moins peuplées et les plus pauvres durent payer le quart seulement du principal de leur taille, les paroisses les plus peuplées plus du quart ; on convint qu’on assignerait à chaque paroisse une tâche proportionnée à l’étendue de sa contribution d’après un devis estimatif, et que, si l’adjudication ne s’élevait pas au niveau du devis, l’économie serait remise à la paroisse. Le résultat de ces délibérations ayant été soumis au ministre et discuté par lui article par article, il en sortit l’arrêt du conseil du 13 avril 1781, dont l’article 1er était ainsi conçu : « Les travaux des grandes routes, qui s’exécutaient ci-devant par corvées dans la généralité du Berri, le seront à l’avenir à prix d’argent, et seront adjugés au rabais en présence de l’ingénieur et du sous-ingénieur de chaque département. » Suivait un règlement détaillé en vingt-six articles, destiné à servir de modèle à toutes les provinces pour la confection des chemins. Ce règlement, exécuté pendant dix ans en Berri, de 1780 à 1790, y améliora sensiblement la viabilité.

Dans la Haute-Guienne comme dans tout le Languedoc, les chemins n’étaient pas exécutés par corvées, cet usage féodal n’existant pas dans les pays de droit romain, qui formaient le tiers méridional de la France. L’assemblée de cette province n’eut donc pas à s’occuper des moyens de remplacer la corvée, elle dut porter remède à d’autres abus. Ainsi on se plaignait de la distribution inégale des contributions exigées pour la confection des chemins ; l’assemblée décida que la dépense des routes de poste serait à la charge de la province entière, qu’elle ne contribuerait que pour les trois quarts aux chemins d’une importance secondaire, et pour la moitié aux chemins d’intérêt communal, le reste de la dépense devant être supporté par les localités directement intéressées. En même temps il fut pris de justes mesures pour dédommager les propriétaires qu’on privait d’une partie de leurs terrains, et l’assemblée de la Haute-Guienne ne contribua pas moins que celle du Berri à créer des précédens qui servent encore de modèles.

Il est à remarquer que les assemblées provinciales devaient diriger, sous la surveillance du gouvernement, toutes les routes exécutées sur leur territoire, qu’elles fussent ou non d’intérêt local. Un autre principe a prévalu depuis, et la direction des travaux publics considérés comme d’intérêt général a été centralisée. Est-ce un bien ? est-ce un mal ? Ce serait un bien, si la considération de l’utilité commune l’emportait seule dans les conseils du gouvernement ; mais