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REVUE DES DEUX MONDES.

Durand.

Je la gronde parce qu’elle manque de franchise, et que je ne sais rien de plus lâche et de plus bas que le mensonge !

Coqueret.

Parle donc, Louise, ou dis-moi de me jeter à l’eau, si je t’offense.

Louise.

Jean, vous vous y êtes mal pris pour réussir ! Vous pouvez m’aimer, je ne dis pas non, et je ne nie pas l’estime que je fais de vous : mais je vous ai dit tantôt dans le pré et ici tout à l’heure encore que je ne me voulais point marier de longtemps et que je vous défendais de m’en reparler. Vous ai-je dit cela, oui ou non ?

Durand, à Coqueret.

Te l’a-t-elle dit ? Réponds, parle ! Allons donc !

Coqueret.

C’est vrai qu’elle l’a dit.

Durand.

Et pourquoi m’as-tu fait le mensonge qu’elle était folle de toi, qu’elle pleurait, qu’elle t’avait fait les avances, et qu’elle n’osait pas me le confier ?

Louise.

Tu as inventé tout ça ! C’est très vilain de mentir !

Coqueret.

J’espérais que monsieur te conseillerait à mon idée !

Durand.

Eh bien ! c’est une infamie, et pour cela je vous chasse !

Coqueret, pâlissant.

Ah !… Et toi, Louise ?

Louise, émue.

Moi, je…

Durand.

Elle aussi vous congédie ! Dehors au plus vite !

Coqueret, très sombre.

C’est bien, monsieur, on y va.

Durand.

Attends ! tes gages !…

Coqueret.

Merci, je n’en ai pas besoin. (Il sort.)


Scène XVI.

DURAND, LOUISE.
Louise, courant après lui.

Jean ! écoute… écoute donc !