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LA
CAMPAGNE DE 1815
LA BATAILLE DE WATERLOO.

TROISIEME PARTIE.[1]


I. PREMIÈRE PHASE DE LA BATAILLE.

Il était déjà onze heures et demie. Sur l’extrême gauche, la fusillade éclate dans le bois d’Hougoumont. De moment en moment elle s’étend, elle gagne toute cette partie de la ligne. Les nuages blancs de salpêtre s’élèvent au-dessus des taillis. Dans la pensée de Napoléon, cette attaque ne devait être qu’une feinte. D’arbre en arbre, les tirailleurs de Reille refoulent devant eux les bataillons de Nassau et de Hanovre, dans un terrain inégal, plein de ravins. Foy, à la tête de sa division, marche droit sur Hougoumont. Les gardes anglaises se replient, partie dans le sentier à la droite du château, partie dans l’avenue et le grand verger à gauche. Les nôtres se précipitent au pas de charge vers les clôtures. Ils atteignent cette fameuse haie de charmille qu’ils prennent pour la limite du jardin. Ils vont la franchir. Assaillis à brûle-pourpoint d’une grêle de balles, leurs coups à eux ne portent pas. Longtemps ils luttent ainsi inutilement, sans s’apercevoir que cette haie masque une longue muraille qui a été crénelée dans la nuit. Du haut de cette muraille, les gardes anglaises, embusquées sur des échafaudages, font contre eux

  1. Voyez les livraisons du 15 août et du 1er septembre.