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XVIIe siècle, et, quoique richement entretenu, est encore en réparation à l’heure qu’il est. Ses colonnes, qui sont antiques, ont été encastrées dans des piliers qui les défigurent, et le souvenir de l’ambitieuse et dévote princesse ne doit plus être cherché que dans son église des Saints-Nazaire-et-Celse, où elle voulait être ensevelie.

Construite avant 450, cette église a la forme d’une croix latine, ou plutôt on dirait une tour carrée coiffée d’une coupole, et dans laquelle s’implantent quatre branches ou ailes dont la plus grande longueur n’a que 13 mètres. Sur les murs de la partie centrale, des apôtres ou des prophètes en mosaïque sont rangés deux à deux, et au bas, entre chaque couple, des colombes voltigent au bord d’un bassin, sujet qui pour la beauté et même un peu pour la composition rappelle la charmante mosaïque antique qu’on voit au Capitole. La coupole est richement décorée d’une croix entre deux larges étoiles, entourée des symboles des quatre évangélistes. Les extrémités des lignes transversales de l’église se terminent par des lunettes[1] où, parmi de riches arabesques vert et or, des cerfs en or, marchant vers une source pour s’y désaltérer, représentent les nouveaux convertis, et sur la lunette de l’entrée de la nèfle bon pasteur est au milieu de son troupeau. Cette figure est la meilleure de toutes ces mosaïques qui remontent au temps de l’impératrice. L’effet général de cet ensemble de décorations frappe vivement, et il serait encore plus vif si des marbres et des métaux précieux n’eussent été enlevés jusque sur les tombeaux. Ceux-ci, placés sous une voûte assez basse, sont au nombre de cinq. Le sarcophage de marbre de Galla Placidia est grand et massif. On dit que jusqu’à la fin du XVIe siècle on pouvait, en l’ouvrant, la voir assise sur un trône de cyprès et revêtue du costume impérial; mais des enfans jetèrent du feu par la petite fenêtre ouverte à la paroi postérieure du tombeau : le suaire s’enflamma, puis le trône, puis les panneaux de cyprès qui tapissaient l’intérieur; les moines appelés arrivèrent trop tard, et il ne resta à la lettre dans la tombe que des cendres. Les ossemens de Placidia parurent plus grands que ceux d’une femme ordinaire; mais ils n’ont pas été vus depuis, ayant alors été murés dans la tombe. A droite et à gauche, deux autres tombeaux analogues sont ceux de l’empereur Honorius, frère de Placidia, et de Constance, son mari. Celui de l’empereur est le seul des trois qui offre des traces de sculptures chrétiennes. Deux sépulcres plus petits sont auprès de la porte : les maîtres des enfans de Placidia y ont été déposés. On ne connaît pas d’autre lieu que celui-ci où des person-

  1. Demi-lunes.