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de l’exécuter ? La papauté, ce n’est pas un homme seul, c’est le pontife entouré du sacré collège et de toutes les congrégations. Or, dans l’hypothèse où nous sommes placés, la majorité du sacré collège n’appartiendrait plus aux Italiens, elle serait formée de cardinaux étrangers à l’Italie. Comment le gouvernement italien entreprendrait-il de violenter ou de séduire le pape au milieu des grands corps représentatifs de l’univers catholique ? D’ailleurs, si les Italiens ne reconnaissent pas aux étrangers le droit de disposer de leur territoire et à ce titre de Rome, une fois leur arrangement conclu avec le pape sur la base de la souveraineté personnelle du pontife, ils reconnaîtraient au monde catholique le droit d’intervenir pour veiller à l’exécution du contrat, pour défendre l’inviolabilité du saint-père et de ses ministres, s’il arrivait qu’elle fût menacée. On avouera qu’il n’y a pas de garantie plus forte de l’indépendance du saint-siège, et que le pouvoir temporel, qui n’existe depuis quarante ans que par cette intervention, n’en présente pas de plus efficace. Il semble donc que, loin d’être enclin à troubler l’indépendance de la papauté, le gouvernement de l’Italie serait celui du monde qui aurait l’intérêt le plus direct à respecter cette indépendance et à en prouver constamment la réalité aux autres puissances catholiques. Ce n’est pas tout. La nouvelle Italie est un état constitutionnel et ne peut pas être autre chose. Or il n’y a que des catholiques en Italie. Un parlement italien, composé de catholiques, est la dernière des assemblées politiques de l’Europe où l’on puisse songer à violenter et à dénaturer le catholicisme en opprimant la papauté. La foi catholique domine sur le peuple italien sans distinction d’opinions politiques. Si le gouvernement osait jamais attaquer le catholicisme dans les conditions nécessaires à l’exercice de l’autorité spirituelle du saint-siège, le parlement tout entier, la gauche aussi bien que la droite, se soulèverait contre une telle témérité. Enfin les Italiens poussent plus loin encore les garanties qu’ils entendent donner au monde catholique. L’indépendance du saint-siège ne leur suffit pas. Ils veulent l’entière liberté de l’église à tous les degrés de la hiérarchie. Ils se proposent de délivrer l’église de toutes ces restrictions par lesquelles le pouvoir civil, chez eux comme dans toute l’Europe, avait cru devoir se protéger contre les empiétemens du clergé et de la cour de Rome, lorsque le pape était, pour eux comme pour les autres gouvernemens, un souverain temporel et étranger. Sous le régime qu’ils appellent de leurs vœux, ils renonceront à ces restrictions. L’état renoncera à la nomination des évêques. Ils désirent revenir au système d’élection établi par les canons, c’est-à-dire à l’élection par le clergé et une représentation des laïques. Ce