Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 35.djvu/921

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

carbonique, et toujours accompagnées de sels minéraux non moins utiles à la végétation. Toutes ces eaux des usines agricoles peuvent donc être utilisées au profit des cultures environnantes, à la condition qu’elles y seront dirigées au fur et à mesure de. leur sortie des ateliers, et distribuées à l’aide de simples fossés munis de vannes, soit en nappes immergeant les terres avant les labours, soit par des rigoles d’écoulement continu pratiquées dans les champs, facilement entretenues et variées dans la direction. Il existe d’ailleurs d’ingénieux procédés, adoptés dans le plus grand nombre des distilleries agricoles, tels par exemple que le système Champonnois, qui, loin de laisser écouler et perdre ces résidus liquides, les retient au contraire engagés dans les pulpes, afin de rendre celles-ci plus nutritives. Les dispositions principales et les remarquables avantages de cette ingénieuse méthode de distillation au point de vue agricole ont été ici même précédemment exposés[1].


III. — LE COLMATAGE.

Il est enfin une troisième méthode à l’aide de laquelle on peut renouveler la surface du sol, la préparer à recevoir les labours et les engrais, et fertiliser ainsi des terres jusque-là improductives, qui même constituaient des centres d’émanations ou d’effluves paludéennes préjudiciables à la santé publique. L’assainissement et la mise en culture des marais, des vallées et de certaines contrées humides où se développent périodiquement des fièvres endémiques, peuvent être quelquefois économiquement opérés, de même que l’amélioration des terres sableuses en d’autre localités, par des voies différentes de celles du drainage et des simples irrigations. C’est à l’aide d’une ancienne pratique agricole, le colmatage, que l’on obtient ces importans résultats, dont l’Italie nous offrit les premiers et les meilleurs modèles.

Avant d’exposer les ingénieuses et faciles méthodes usitées dans l’établissement des colmates (terrains exhaussés et amendés par le colmatage), nous nous arrêterons un instant à définir les causes de ces affections sporadiques particulières qui, sur divers points du globe et dans quelques-unes de nos campagnes, déciment les populations. Ce n’est pas l’eau elle-même, ce ne sont pas non plus les vapeurs aqueuses seules, quelque abondantes qu’on les puisse rencontrer dans l’atmosphère autour des habitations, qui occasionnent de semblables maladies : en effet, les terrains marécageux, tant que

  1. Voyez la Revue du 1er novembre 1857 : Sucreries et Distilleries agricoles.