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appelée « une nation amie, » et lorsqu’il a exprimé le plaisir que lui avait causé son entrevue à Liège avec le roi des Pays-Bas. Depuis quelque temps, on remarque de la part de la Belgique et de la Hollande une tendance mutuelle à se rapprocher. La récente entrevue des deux souverains a consacré la réconciliation des deux peuples. Les haines passées sont oubliées. Il y a peu de jours, à l’occasion de l’ouverture du nouveau chemin de fer de Liège à Maestricht, Hollandais et Belges échangeaient des protestations d’amitié qu’encourageaient la présence et les discours des fonctionnaires des deux pays. Le traité de commerce annoncé par le discours du roi Léopold fera tomber les dernières barrières entre les deux peuples. Il n’est pas sans intérêt, à l’heure où nous sommes, de prendre acte de la réconciliation de deux pays qui n’avaient appris qu’à se détester lorsqu’ils étaient unis par un lien politique qui transformait l’un en oppresseur et l’autre en opprimé. Le travail actuel de l’Europe est de rompre plus d’une union mal assortie de ce genre. Des gouvernemens et des peuples s’épuisent sous nos yeux à vouloir retenir sous leur ascendant des nationalités qu’ils n’ont jamais pu, qu’ils ne pourront jamais réussir à s’assimiler. Quel est le résultat de ces vains efforts de domination ? De ruineuses dépenses, des haines nationales, des déperditions de force. Au contraire, l’exemple parlant de la Belgique et de la Hollande nous enseigne que l’émancipation légitime et naturelle d’un peuple qui ne veut point être gouverné par un autre peuple ramène en peu d’années, entre les deux nations séparées, de bons sentimens et des relations fructueuses.

Le ministère belge actuel compte quatre années d’existence. M. Rogier et M. Frère furent portés au pouvoir par l’enthousiasme populaire. Les peuples heureux comme le peuple belge deviennent facilement exigeans. Aussi, dans ces derniers temps, était-on enclin à reprocher à M. Rogier et à M. Frère de ne donner à la Belgique que la conservation de son activité industrielle croissante et de sa liberté progressive. On accusait le ministère d’irrésolution, et si M. Frère n’eût pas consenti à oublier la lutte de l’étalon monétaire et à rentrer au pouvoir, la chute du cabinet paraissait probable. Le retour de M. Frère est heureusement pour le ministère un renouvellement de bail. En réalité, M. Frère prend la direction des affaires ; il y apporte ses vues éclairées et son esprit résolu. L’activité du cabinet et l’application de la législature vont enfanter des lois qui satisferont le pays et arrêteront les progrès d’une réaction qui s’enorgueillissait trop des victoires partielles qu’elle avait obtenues aux dernières élections.

La vieille diète germanique a fini, elle aussi, ses vacances. L’on avait annoncé que M. de Beust, au nom des états secondaires, aurait à soumettre à la diète une proposition de réforme fédérale conçue dans un esprit et un intérêt de conservation. Ce bruit ne s’est point jusqu’à présent réalisé. En fait de réforme fédérale, on n’a vu qu’une proposition, celle qui a été développée par le représentant du duc de Saxe-Cobourg. De la part du prince