Francine, est-ce que tu aurais vu mon double aujourd’hui ?
Oui, je l’ai vu !
Où ça ?
Ici, et c’est lui qui est cause de tout, j’en suis sûre, car, vois-tu, je ne peux pas douter de toi après les sermens que tu viens de me faire, et j’aime mieux croire des choses que je n’avais jamais voulu croire ! Ah ! Bernard, toi aussi, tu as vu un mauvais esprit qui t’a trompé, car je n’ai jamais aimé et je n’aimerai jamais que toi !
Francine, ma chère Francine !… Ah ! tu dis la vérité, oui, je te crois, et à cette heure je veux bien mourir !
Mourir ? Pourquoi donc, mon Dieu ?
Tu ne sais donc pas que, lorsqu’on voit son double, c’est signe de mort dans les vingt-quatre heures.
Mais faut qu’on le voie soi-même, et tu ne l’as pas vu ? Dis, Bernard, tu ne l’as jamais vu ?
Non ; mais si j’allais le voir !
Reste pas ici. S’il revenait !
Oh ! quand ces choses-là paraissent, il n’y a ni terre ni mer pour les empêcher !
Si fait ! y a la maison du bon Dieu. Va, Bernard, va vite !
Où donc ? A la petite chapelle ? Je voulais y aller tout à l’heure, mais j’avais pas le cœur à prier.
Faut y retourner. C’est la bonne dame de la mer, c’est la patronne chérie aux marins de l’endroit. Tu lui feras un vœu.
Quel vœu ?
Le vœu de pardonner au premier méchant qui te fera offense et dommage.