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LE DRAC.

ANDRÉ.

Oui.

LE DRAC.

Vous croyez que parce que vous n’avez plus trouvé Bernard chez Antoine, il est retourné à la rade ?

ANDRÉ.

Oui.

LE DRAC.

Eh bien ! vous vous trompez, patron, il est tout près d’ici.

ANDRÉ.

Ah ! où donc ?

LE DRAC.

Quand vous serez prêt à le recevoir, je le ferai venir.

ANDRÉ.

Fais vite ; je suis prêt.

LE DRAC.

Non, vous n’êtes pas le plus fort.

ANDRÉ.

Tu m’aideras.

LE DRAC.

Vous êtes donc bien décidé à le tuer ?

ANDRÉ.

Le tuer,… moi ! C’est sérieux de tuer un homme et un marin de l’état ! Je veux lui flanquer une paire de soufflets, v’là tout.

LE DRAC.

Il vous écrasera comme une mouche !

ANDRÉ.

Ça m’est égal !

LE DRAC.

Il vous a déjà battu dans le temps, et il a manqué tuer votre garçon, qui était deux fois fort comme vous.

ANDRÉ.

C’est pour ça ! J’ai ça su’le cœur, y a trop longtemps !

LE DRAC, insinuant.

Et puis il est riche, et l’argent est là… ANDRÉ. Ah ! tu m’y fais penser à son magot. Allant à l’armoire. Je veux d’abord lui rendre ça ; je ne veux pas qu’il croie… Je veux lui jeter le tout à la figure ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Des coquilles ?

Il renverse le contenu du tiroir et reste stupéfait.

LE DRAC, riant.

Il vous a joué là un bon tour, patron. ANDRÉ. Il s’est moqué de moi !