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LES COMMENCEMENS
DE
LA LIBERTE A ROME
LE MONT SACRE. — CORIOLAN. — SPURIUS CASSIUS. — LES FABIUS[1]

Les commencemens de la liberté furent pénibles à Rome : au dedans, des luttes violentes entre les patriciens et les plébéiens ; au dehors, des guerres incessantes et périlleuses avec des ennemis très rapprochés. Un jour, les plébéiens refusaient de marcher ; un autre jour, les Étrusques ou les Sabins étaient au moment de surprendre la ville. La liberté, qui vit par l’agitation et qui grandit par les obstacles, se fortifia dans ce rude exercice de l’énergie romaine, car les difficultés lui sont bonnes, les résistances la servent : quand elles manquent à la liberté, ce ressort de l’âme humaine se rouille et finit par tomber en poussière. Rien n’est plus funeste aux révolutions que de s’accomplir trop facilement.

À Rome, pour assister aux orages de la liberté naissante, nous aurons peu de chemin à faire ; nous n’aurons à aller que du Forum aux Septa, du Campo Vaccino à la place de la Minerve. Pour suivre

  1. On se souvient de la série d’études publiées dans la Revue par M. Ampère sur l’Histoire romaine à Rome. L’auteur ne s’est pas contenté de revoir cette série, qui forme un livre destiné à paraître prochainement chez l’éditeur Michel Lévy. Un voyage de plus à Rome lui a permis de recueillir des élémens entièrement nouveaux, entre autres ceux de l’étude que nous publions aujourd’hui et qui ajoute un intéressant épisode aux tableaux historiques déjà connus de nos lecteurs.