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« Au premier moment, la répression énergique des abus les plus crians aurait déjà été regardée comme un immense bienfait ; les discussions politiques n’avaient pas encore pris naissance et n’agitaient pas les esprits. Le moment était précieux à saisir ; il fallait donc :

« 1° Renvoyer d’une main ferme et résolue tous les fonctionnaires et employés haïs, décriés, dont la présence aux affaires publiques soulevait le cœur des populations irritées. Disons-le : l’espoir de faire marcher le nouveau pontificat, le pontificat de l’amnistie, avec les vieux instrumens, à l’aide de ces hommes qui, par leurs méfaits ou leur ineptie, avaient provoqué les révoltes, et poursuivi, persécuté, torturé, condamné, les révoltés aujourd’hui amnistiés, n’était pas une pensée d’homme d’état…

« 2° Créer et organiser un véritable ministère, un conseil. « Que votre sainteté (me permettais-je de dire au pape) commence par le commencement. Pour agir avec efficacité, il faut un bon instrument. Cet instrument ne peut être un seul homme avec des commis. Le cabinet doit avoir un chef, mais pas un maître ; le maître est le souverain. Aujourd’hui il faut que le public sache que vos affaires sont librement discutées par des hommes éclairés et égaux en droits. » Si cette mesure n’avait pas souffert de retard, le public l’aurait acceptée avec reconnaissance, lors même que tous les ministres eussent été ecclésiastiques. Il aurait suffi de placer des laïques au second plan dans les directions générales.

« 3° Placer à côté du conseil des ministres, pour l’aider dans la préparation des lois, dans l’élaboration du budget, dans les questions de conflit administratif, un conseil d’état, consulte ou congrégation (peu importait le nom…)

« 4° Réformer et vivifier la congrégation de révision existante, en faire une véritable cour des comptes, et publier ses rapports annuels…

« 5° Établir l’uniformité dans l’administration des provinces. Aujourd’hui les unes ont des cardinaux légats, les autres de simples délégats. À Rome, un cardinal est un prince ; dans les provinces, un pacha. Si c’est une faveur de l’avoir pour gouverneur, toutes doivent en jouir ; si c’est une charge et un péril, toutes doivent en être exemptés…

« 6° Améliorer et vivifier dans les provinces surtout, au moyen d’un système électif sincère, et fonder dans la ville de Rome le régime municipal. L’édit du 5 juillet 1831 est insuffisant, et encore a-t-il été, comme toute chose, faussé dans la pratique.

« 7° Les conseils provinciaux institués en 1831, il faut également les améliorer. Aujourd’hui on ne daigne pas même y intervenir, ainsi que me le disait le cardinal Bafondi, de ceux de sa légation.

« 8° J’arrive aux points plus essentiels encore, aux besoins les plus urgens, je veux parler de la justice… Il y a tout à faire, et avant tout il faut établir ces maximes : séparation complète du pouvoir judiciaire et du pouvoir administratif, suppression de toute juridiction ecclésiastique, du moins pour tout ce qui ne concerne pas l’église et les ministres.

« 9° Refonte complète des lois civiles et criminelles.

« 10° Nouvelle organisation judiciaire, procédure orale et publique pour toutes les affaires criminelles…