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constitution hongroise avec toutes ses institutions libérales, il avait restitué à la nation son autonomie sous l’unique condition que l’exercice de ses droits politiques ne préjudiciât point à l’unité de l’empire, c’est-à-dire en réservant comme devoirs solidaires entre tous les peuples les devoirs militaires et le paiement de l’impôt. La révolution hongroise, en s’écartant de l’ancienne constitution, avait sans doute autorisé le gouvernement à faire ces réserves ; mais elles lui étaient surtout commandées par les nécessités de la position de l’Autriche comme grande puissance. La diète hongroise aurait dû comprendre les besoins de cette situation et réviser les lois de 1848 dans un sens conforme à l’intérêt général et aux exigences de la civilisation moderne. Au lieu de cela, elle a prétendu obtenir la pleine reconnaissance des lois de 1848 en maintenant les clauses qui violent les prérogatives de la couronne, les droits de l’empire entier et les intérêts des nationalités non magyares, bien que l’application de ces clauses dût nécessiter l’emploi de la force contre la Croatie, l’Esclavonie et la Transylvanie. Il y a plus : invitée à entrer en négociation pour un arrangement, la diète s’y est refusée et a déclaré les négociations rompues. L’empereur, fermement décidé à maintenir, même en Hongrie, les principes constitutionnels, a pris les résolutions suivantes : — 1° Les lois d’octobre et de février restent en vigueur ; aucun changement constitutionnel ne saurait avoir lieu sans le consentement du Reichsrath. Chaque province conserve la faculté d’y envoyer des députés, et la non-participation d’une province quelconque ne saurait empêcher l’exercice des droits d’autrui. 2° Toutes les stipulations de la législation de 1858 qui sont d’accord avec la constitution octroyée seront reconnues ; les stipulations contraires seront abrogées. 3° La diète hongroise actuelle est dissoute ; une nouvelle diète sera convoquée aussitôt que possible. Des instructions pour le rétablissement ou le maintien de l’ordre sont données aux agens du pouvoir.

Les deux chambres du Reichsrath approuvèrent par une adresse à l’empereur, votée à une grande majorité, la politique du gouvernement. Les deux chambres du parlement de Pesth acclamèrent à l’unanimité et sans discussion la résolution rédigée par M. Deak : elles cédaient à la force en protestant. Dans la chambre des magnats, les bancs étaient presque vides ; dans la chambre des députés, une dernière résolution fut aussi adoptée à l’unanimité sur la proposition de M. Tissa. La diète, dans une session trop courte, n’avait pas eu le temps de promulguer les lois les plus nécessaires, mais elle déclarait comme mesures urgentes : 1° la satisfaction à donner aux prétentions des nationalités demeurant en Hongrie, pourvu qu’elles ne fussent pas en opposition avec l’intégrité territoriale