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Pendant la courte suspension des séances du parlement et à la date du 8 octobre, l’empereur, par une patente émanée directement de son autorité, a ordonné la perception des impôts directs dans tout l’empire pour l’année 1862. À la première séance de la chambre des députés, M. de Plener, ministre des finances, a rendu compte de cet acte inconstitutionnel, justifié par la loi suprême du salut public, et donné l’assurance que la perception des impôts, faite conformément aux formes admises en 1861, pourrait être l’objet des modifications de l’assemblée. On s’est demandé à quelle époque le parlement serait mis en demeure de faire ces modifications, et si le Reichsrath actuel cesserait bientôt d’être un conseil de l’empire restreint et impuissant. Le gouvernement a tardé longtemps à répondre à cette question. Attendait-il que des élections directes en Transylvanie amenassent sur les bancs de la chambre les représentans d’une nouvelle nationalité, la nationalité roumaine ? Espérait-il même convaincre les Croates et diviser les Hongrois ? Mais, pendant ces délais, le parlement se consume dans un état de langueur qui ranime les espérances des adversaires des nouvelles réformes et peut décourager ses amis. Cette considération a préoccupé les membres du cabinet autrichien, et le budget va enfin être présenté au Reichsrath. Toutefois, et par un scrupule qui semble indiquer que toute résolution définitive n’est pas encore prise en ce qui concerne les rapports à établir avec la Hongrie, le gouvernement ne se propose que de consulter la chambre des députés de Vienne sur l’établissement du budget des recettes et dépenses de 1862, en promettant de prendre ses avis en grande considération, mais sans lui reconnaître dès à présent le pouvoir législatif dans toute son intégrité sur ce point.

Une telle résolution a ses inconvéniens et ses avantages. Il est à regretter que la consolidation du nouveau régime constitutionnel ne soit pas affirmée par un acte aussi éclatant que celui de la prise de possession du pouvoir législatif, en matière d’impôts, par la chambre des représentans de l’empire. Complet ou non, l’essentiel c’est que le parlement vive. D’un autre côté, tout ce qui peut servir à un rapprochement entre la Hongrie et l’Autriche mérite d’être essayé, et puisque le temps a déjà, comme on l’a vu, amené des résultats favorables, il faut accueillir tout ce qui sert à obtenir ce bénéfice du temps. Pour notre part et en dépit même des nouvelles mesures prises envers la Hongrie, et qui ressemblent à un véritable état de siège, nous n’avons jamais voulu croire à une lutte ouverte entre les Magyars et le gouvernement autrichien. Une telle éventualité serait si évidemment désastreuse pour les libertés hongroises qu’on n’a pu supposer que la force des situations l’emporterait sur