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ont eu lieu dans quelques villes d’Italie, comme pour répondre au refus du cardinal Antonelli aux ouvertures de la France. Ces démonstrations ont un peu inquiété en France les opinions conservatrices, à tort selon nous. La circulaire de M. Ricasoli prouve que le cabinet de Turin ne veut pas laisser descendre le gouvernement dans la rue. Nous croyons qu’il n’y a lieu de craindre aucune imprudence de la part de l’Italie ; nous sommes convaincus que Garibaldi ne prendra aucune initiative dangereuse. Quant au parlement italien, il mène à bonne fin de sérieux travaux de législation intérieure et de finances. Quatre lois de finances sont soumises aux commissions de la chambre des députés. Le gouvernement a adopté le projet d’organisation de l’instruction publique présenté par M. Matteucci, et le rapport de la commission qui a étudié le système de l’illustre savant va être présenté au sénat par M. Cibrario. On étudie aussi au sénat la nouvelle organisation judiciaire ; on prépare les nouveaux codes, on fait une loi sur l’établissement d’une chambre des comptes. Le parlement italien est donc sérieusement appliqué à l’expédition des affaires. C’était, au milieu des lenteurs qui paralysent le développement général de la question italienne, le meilleur parti qu’il y eût à prendre ; mais cette laborieuse résolution du gouvernement italien n’affranchit pas la France des responsabilités qu’elle a contractées envers l’Italie. La tentative essayée par nous auprès du pape ne saurait être un acte sans conséquence. Nous nous sommes adressés inutilement à la cour de Rome pour lui demander de nous indiquer un terrain de conciliation. La justice et la logique veulent maintenant que nous fassions à Turin une démarche analogue. Que la France demande au cabinet italien quel est le plan qu’il propose pour concilier l’indépendance du saint-siège avec l’unité de l’Italie. Si le gouvernement italien présente à cet égard un système acceptable, nous devrons nous adresser une dernière fois à Rome, et proposer au saint-siège de choisir entre les conditions offertes par l’Italie ou la retraite de nos troupes.

De sérieux efforts de réforme administrative et financière se préparent, dit-on, à Constantinople, sous les auspices de Fuad-Pacha et d’Aali-Pacha. Les exemples de la France sont toujours décisifs, et comme la France entreprend en ce moment une réforme financière, nous ne serions pas surpris qu’elle fût imitée avec profit jusqu’en Turquie. Un emprunt serait contracté par le gouvernement ottoman auprès d’une importante maison de banque anglaise, et serait le point de départ des utiles réformes promises.


E. FORCADE.


V. DE MARS.