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écrit sous la dictée de Dieu. On peut se borner à penser que Dieu a voulu ou permis que leurs livres continssent la vérité religieuse, soit qu’on l’y cherche principalement dans les parties de pur enseignement, soit qu’elle résulte également pour l’esprit et pour le cœur des récits comme des préceptes. Dans ces deux hypothèses, de tels livres resteraient des livres sacrés. On voit d’avance, entre ces deux croyances extrêmes, d’ailleurs également compatibles avec la divinité du christianisme, combien peuvent se placer d’interprétations intermédiaires, servant à conclure pour ou contre l’orthodoxie, de telle ou telle église.

On suppose aisément que l’église catholique doit incliner vers une manière rigoureuse d’entendre l’inspiration. Cependant elle n’a pas adopté l’opinion outrée de quelques docteurs ; elle n’étend pas l’inspiration à la diction de l’écrivain sacré, mais seulement aux choses et aux pensées. Sur ces deux points, il n’y a pas d’erreur dans l’Écriture. Le secours que l’esprit reçoit d’en haut, indépendamment de toute révélation ou manifestation surnaturelle qui, lui communiquant une vérité jusque-là inconnue, serait l’effet d’un miracle particulier, peut n’être d’abord qu’une impulsion pieuse, une grâce divine qui anime et soutienne celui qui parle ou qui écrit dans ses efforts pour ne pas s’écarter de la vérité ; mais c’est là un genre d’inspiration qui ne garantit nullement l’infaillibilité, et qui peint, avoir été départi par exemple à l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ. Ce n’est pas l’inspiration proprement dite. Celle-ci est un secours surnaturel, qui, influant sur la volonté et l’entendement de l’écrivain, lui suggère au moins le fond, de ce qu’il doit dire. On ajoute à ce secours l’assistance du saint-esprit, qui le dirige dans l’usage de ses facultés, de telle sorte qu’il ne commette aucune erreur. Telle est l’inspiration qui règne dans toute l’Écriture sainte[1]. L’expression, le style et peut-être aussi l’ordonnance et la composition, mais non pas le choix des matières, paraissent dans ce système abandonnés, au moins en grande partie, à la liberté de l’esprit humain. Cette concession est grave, et elle conduirait fort loin, si l’église n’ajoutait aussitôt que le fidèle n’est pas libre d’entendre comme il veut les choses au point où l’écrivain a été libre de les dire. L’intelligence et le sens de l’Écriture résident dans la tradition catholique, et la tradition est dans les mains d’un dépositaire privilégié : c’est l’église catholique, apostolique et romaine. L’église est l’interprète unique de l’Écriture, interprète infaillible comme ses auteurs. L’église aussi est divinement inspirée, et, quoi qu’il en coûte de le dire, il s’ensuit que, l’église étant présente et

  1. Le père Perrone, — M. l’abbé Glaire.