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LA
POESIE POLONAISE
AU DIX-NEUVIEME SIECLE
ET LE POETE ANONYME


« Dieu a voulu que le même esprit de civilisation qui s’est revêtu de toutes les pompes de la gloire, du succès et du bien-être à une des extrémités de l’Europe, fût forcé, à l’autre, de passer à travers toutes les épreuves du sacrifice, toutes les saintetés du dévouement et les inébranlables enthousiasmes du martyre. Il n’y a dans tout cela que diversité de formes et d’accidens extérieurs : dans le fond, c’est identiquement le même principe. Voilà pourquoi il y a communion incessante entre ceux qui le défendent au nord et ceux qui le font régner à l’occident. » (Lettre du poète anonyme à M. Guizot, 1847.)


I

Les événemens qui, depuis le commencement de 1861, se déroulent en Pologne et qui portent un caractère si original, si difficile même à comprendre pour notre Occident, généralement sceptique et désillusionné, ont eu pour résultat, entre autres, d’attirer l’attention sur un écrivain mort il y a trois ans, et dont la renommée n’avait rayonné jusqu’ici que très faiblement en dehors de son pays. L’action du poète anonyme de la Pologne dans le mouvement national qui a éclaté sur les bords de la Vistule, l’influence manifeste qu’ont eue ses écrits sur l’esprit du peuple, tel qu’il s’est révélé dans l’agitation récente, ont été, si nous ne nous trompons, signalées pour la première fois dans la Revue. Spectacle étonnant en effet que cette ratification d’une pensée idéale, mystique