que deux des vapeurs (l’Arcona et la Gazelle) ont une machine trop faible d’environ 100 chevaux et n’atteindront jamais une vitesse normale, que les chaloupes canonnières, dépourvues de l’appareil nécessaire pour lever l’hélice, sont en outre mauvaises voilières ; les hélices elles-mêmes ont besoin d’être changées ; il faut abaisser les chaudières… « Et avec tous ces défauts, s’écrie-t-il, on a construit par douzaines, sur un plan arbitraire, avant d’avoir consulté l’expérience ! » — Les marines militaires prennent d’ordinaire naissance dans les marines de commerce. À ce compte encore, « la Prusse, dit M. Harkort, est dans de mauvaises conditions ; en effet, le nombre est relativement fort peu considérable des navires prussiens qui vont avec cargaisons directes dans les ports de la Méditerranée et de l’Océan, et le grand commerce de la Prusse se fait indirectement par les villes hanséatiques, et en transit par les Hollandais, les Belges et les Français. Ajoutez enfin la situation défavorable d’une vaste côte au fond d’une mer fermée et dominée par des voisins dangereux. »
En résumé, disent les adversaires du National Verein et de la Prusse, cette puissance peut bien, si elle le juge convenable, construire et équiper pour son propre usage et pour la défense de ses côtes une flottille de chaloupes canonnières, bien que les hommes du métier doutent fort à présent que cette sorte de protection, si ce n’est dans des archipels et de nombreux golfes, soit véritablement efficace ; mais elle ne saurait prétendre avec raison au rôle de fondatrice d’une flotte allemande. La Prusse n’est pas douée, elle n’a pas mission pour cela. Qu’on laisse agir l’Allemagne tout entière et qu’on remette à son énergie propre cette affaire éminemment nationale, sans qu’elle ait lieu de soupçonner qu’un des membres veuille absorber pour lui seul ce qui doit nourrir tout le corps, et l’on verra alors combien chaque état particulier contribuera puissamment à l’œuvre commune par des contributions volontaires, cette fois abondantes, ou par l’appoint d’une marine marchande déjà considérable. — Sait-on bien que la flotte marchande de l’Allemagne du nord compte à elle seule plus d’un million de tonneaux, chiffre