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son entreprise par les quatuors de Beethoven, gravés avec un soin admirable dans un format commode et charmant, l’in-32. Déjà un grand nombre de souscripteurs ont répondu à l’appel de l’intelligent éditeur, qui a placé en tête de son édition le nom glorieux de Rossini. Qu’il nous soit permis de faire savoir à M. Guidi que nous acceptons avec reconnaissance l’offre qu’il a bien voulu nous faire de placer notre nom parmi ceux des personnes qui s’intéressent à sa belle et louable entreprise. Fière de son passé, trop confiante dans la supériorité de son instinct pour tous les arts qu’elle a en quelque sorte créés, l’Italie, qui ne goûte et n’apprécie que la musique vocale et dramatique, est restée presque étrangère au grand développement de la musique instrumentale qui s’est opéré en Allemagne depuis le commencement du siècle. Elle ne connaît que de nom les belles œuvres et les grands poèmes symphoniques d’Haydn, de Mozart et de Beethoven ; on est même étonné qu’après la longue domination de l’Autriche sur la Lombardie, qu’après Rossini, qui a fait une alliance féconde entre le coloris instrumental, l’harmonie de l’école allemande et la large mélodie vocale de son pays, l’Italie n’ait pas poussé plus avant la connaissance des grands monumens de l’art germanique. Ce n’est pas qu’il soit à désirer de voir les peuples, pas plus que les individus, perdre le caractère qui les distingue dans la famille européenne, et de les voir imiter gauchement les propriétés géniales des autres nations. Que l’Italie reste donc ce que la nature, le temps et l’histoire l’ont faite ; qu’elle conserve sa supériorité incontestable dans la musique vocale, mais qu’elle soit moins dédaigneuse de ce qui se fait de bon et de grand à côté d’elle, et qu’elle s’efforce de s’approprier avec mesure ce qui peut agrandir et fortifier son propre génie. Surtout qu’elle évoque pieusement les ombres glorieuses de ses grands maîtres ; que les merveilles des Palestrina, des Scarlatti, des Léo, des Jomelli, des Marcello et des Cimarosa lui soient moins inconnues ; qu’elle secoue fortement la poussière qui couvre ces pages vénérables du grand art de l’Italie, et il en sortira une génération de musiciens dignes de ce peuple généreux et tanto amato ! qui a su conquérir l’indépendance et la liberté.




ESSAIS ET NOTICES


À TRAVERS L’AMÉRIQUE[1]


C’est à la suite des événemens politiques de 1848 que l’auteur de cet ouvrage se voyait forcé de quitter l’Allemagne. Il se dirigea vers l’Amérique, dont les chemins sont devenus depuis quelques années si familiers à ces compatriotes. M. Julius Frœbel comptait s’y livrer à des études de naturaliste

  1. 3 vol. in-12, de M. Julius Frœbel, traduits par M. Tandel, Paris, Jung-Treuttel.