Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même contre les dîmes, et tout récemment une loi née de cette agitation pour abolir expressément la taxe d’église n’a échoué qu’à une voix de majorité : grande société où le sentiment religieux est tellement assuré de lui-même, qu’il ne supporte pas l’idée d’un impôt, d’une contrainte,… à moins peut-être qu’il ne vous plaise d’entendre la chose autrement, et de voir là un effet d’indifférence, de rationalisme, d’aversion, d’économie ! Il faut penser à tout.

Comme la paroisse ne peut rien en fait de police, de milice, de prisons, comme elle n’a plus l’administration souveraine des pauvres, comme elle n’a jamais eu les registres de l’état civil, on voit qu’elle est manifestement au plus bas de l’échelle parmi les pouvoirs locaux, non-seulement de l’Angleterre, mais du continent. Qu’est-ce qu’un marguillier anglais comparé à un maire français, lequel a le droit de requérir la force armée, de marier les gens, d’ordonner des arrestations en cas de flagrant délit, de prendre des mesures et des arrêtés de police ? Celui-ci a les mains étroitement liées, pour peu qu’il soit question de finances ; mais s’il ne s’agit que de maintenir l’ordre, dans un cas de fête publique par exemple, il peut mettre le feu à la commune le plus légalement du monde, avec les règlemens qu’il aie droit de faire sur les illuminations, les feux d’artifice, l’emplacement des tentes et des baraques… Notre commune n’approche pas du comté, mais elle a des pouvoirs qui la mettent fort au-dessus de la paroisse.

Où la paroisse se relève, c’est à l’article de l’organisation. Elle n’est pas représentée par un conseil municipal : tous les habitans imposés à la taxe des pauvres (cette réunion s’appelle vestry) font eux-mêmes les affaires collectives. C’est de la démocratie toute pure, c’est un cas de gouvernement direct, là commence en Angleterre la liberté. Il faut y noter toutefois ce tempérament qu’un membre de l’assemblée paroissiale a autant de suffrages qu’il a de vingtaines de livres sterling de revenu, par-delà 50 livres : il peut du moins avoir jusqu’à six suffrages. Ceci est une précaution prise contre le nombre, une garantie ou une prééminence accordée aux classes supérieures. Nous avons quelque chose qui y ressemble fort : cette adjonction des plus imposés qui est de droit en toute délibération communale sur un impôt extraordinaire, et cela en nombre égal à celui des membres du conseil municipal. Au demeurant, ne perdez pas de vue que cette démocratie paroissiale si largement constituée a les pouvoirs les plus médiocres : après tout, la paroisse n’est qu’un agent voyer et un agent répartiteur. Le véritable gouvernement des paroisses est au comté, qui est un principe, un foyer de pouvoirs où tout en ce sujet nous ramène à chaque pas.

Tels sont en Angleterre et dans le pays de Galles les pouvoirs