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de ses rivières, que des efforts tardifs et bien vite interrompus, et il a été complètement oublié jusqu’ici dans la distribution des voies ferrées, tandis que d’autres parties du territoire abondent en canaux et en chemins de fer exécutés aux frais de la communauté.


VI. — ROUSSILLON.

La généralité de Perpignan avait longtemps compris le Roussillon et le comté de Foix, le comté de Foix en avait été détaché en 1783, et elle n’embrassait plus que le Roussillon avec ses annexes ordinaires, la Cerdagne et le Contient, c’est-à-dire le département actuel des Pyrénées-Orientales. Réunie à la France par Richelieu, cette ancienne possession espagnole n’avait pas conservé d’administration provinciale indépendante ; mais l’esprit municipal y était très puissant comme dans tous les pays autrefois soumis à la domination romaine. Institutions et mœurs, tout y avait un caractère fortement démocratique. L’importance de Perpignan comme ville frontière y avait fait établir un gouvernement militaire, et le gouverneur, le maréchal de Mailly, avait conquis une grande popularité par l’éclat de son administration.

L’assemblée provinciale du Roussillon se composait de 28 membres pour une population totale d’un peu plus de 100,000 âmes ; elle avait pour président l’évêque d’Elne. Dans le clergé siégeaient encore don Louis de Campredon, grand-sacristain de l’abbaye de Saint-Michel de Cuixa, et dom de Gispert, prieur claustral de l’abbaye d’Arles ; dans la noblesse, don Pierre de Margarit, marquis d’Aguilar, et don Abdon-Sennen de Ros, comte de Saint-Feliu ; dans le tiers-état, des consuls, des négocians, des propriétaires. Les procureurs-syndics élus furent don Raymond de Matheu-Bou, chevalier, pour les deux premiers ordres, et M. de Llucia, citoyen noble, pour le tiers-état. Tous ces noms portent l’empreinte de la langue catalane ; mais les procès-verbaux sont en français[1], et tout ce qu’ils contiennent montre que les idées françaises avaient complètement gagné le Roussillon. L’assemblée se réunit à Perpignan le 15 décembre 1787. L’intendant, M. de Saint-Sauveur, remplissait les fonctions de commissaire du roi.

Les délibérations n’offrent d’intérêt qu’en ce qui concerne les travaux publics. Pays montagneux et brûlant, le Roussillon est sujet à des violences de climat, qui rendent ces travaux à la fois plus nécessaires et plus difficiles qu’ailleurs. « Dans d’autres provinces,

  1. 1 vol. in-4o, imprimé à Narbonne, chez la veuve Besse, imprimeur des états du Languedoc. Ce sont les seuls procès-verbaux qui n’aient pas été imprimés dans la province même ; Perpignan ne possédait pas sans doute d’imprimerie suffisante.