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aussi que les documens ne sont trop longs que pour ceux qui ne veulent pas les lire. Pour les vrais curieux, ils sont toujours trop courts.

Je ne trouve par exemple, dans les documens de Syrie, rien qui se rapporte aux derniers actes de la commission internationale de Beyrouth, rien qui explique particulièrement l’arrestation et la déportation de Joseph Karam. Le recueil français s’arrête au règlement de l’organisation du Liban signé le 9 juin 1861 entre la Porte-Ottomane et les cinq grandes puissances ; il ne va pas au-delà du 1er juillet 1861, et nous n’y rencontrons rien qui nous permette de juger de la manière dont ce règlement a été mis en pratique par la Porte-Ottomane et par la commission internationale de Beyrouth. Cependant, si nous en croyons certaines correspondances privées, l’état de la Syrie, et en particulier du Liban, est loin d’être conforme à la lettre et à l’esprit du règlement du 9 juin 1861, et nous aurions souhaité que le corps législatif pût être à même de juger de cette différence : non que nous ayons l’intention de faire intervenir le corps législatif ou le sénat dans les négociations pendantes, les chambres n’avaient pas et ne prenaient pas non plus ce droit, même il y a quinze ans ; mais il n’y a pas en ce moment de négociations pendantes en Syrie, il n’y a qu’un règlement à exécuter. Comment ce règlement est-il appliqué ? comment la commission internationale de Beyrouth en comprend-elle et en surveille-t-elle l’exécution ? Et si ce règlement est déjà violé, à peine signé, par la Porte-Ottomane, où est le mal que ces violations soient signalées dans les discussions des assemblées législatives de l’Europe, soit en France, soit en Angleterre, soit en Prusse ? Nous parlons de la Prusse parce que nous voyons dans les documens diplomatiques français que le ministre de Prusse à Constantinople, M. de Goltz, a pris une part importante à la rédaction du règlement du 9 juin 1861. Loin que ces discussions puissent gêner la politique syrienne des gouvernemens européens, soit eh Angleterre, soit en France, soit en Prusse, elles leur donnent sur la Porte-Ottomane des moyens d’action et d’influence qu’il est bon de ne pas négliger. Elles contiennent les passions rancuneuses des Turcs contre les chrétiens d’Orient ; elles leur montrent que l’Europe ne cesse pas de veiller sur la condition de ses coreligionnaires en Turquie, et cette surveillance est un frein salutaire.


Toutes les correspondances particulières de Syrie et du Liban signalent deux choses fort contraires aux intentions et aux clauses du règlement du 9 juin 1861 : 1° le morcellement et la division morale des populations du Liban et de la » Syrie sont mille fois plus grands depuis la mise en pratique du nouveau règlement ; 2° le Liban