royauté de la Nouvelle-Espagne en remplacement d’une organisation défectueuse qui pesait extrêmement sur les indigènes, avaient fait de louables efforts afin d’arracher cette population, si intéressante par son amour du travail et par sa soumission, à la cupidité et aux mauvais traitemens des héritiers des conquistadores et des colons, leurs imitateurs. Au commencement du XIXe siècle, lorsque Alexandre de Humboldt visita le Mexique, cet observateur éclairé et profond y trouva les Indiens dans une condition fort supérieure à la servitude sous plusieurs rapports, et même au-dessus du servage féodal. Le système des encomiendas, qui avait mis cette race dans une situation fort analogue à celle des anciens paysans de l’Europe attachés à la glèbe, avait disparu de lui-même par la mort des encomenderos ou feudataires, ou avait été aboli par des prescriptions directes de l’autorité ; mais, en cessant d’être esclave ou serf, l’Indien n’était pas devenu libre ; il portait les chaînes d’une minorité légale qui l’accompagnait jusqu’au tombeau. Dans la pensée de le soustraire à des actes où la violence se mêlait à la fraude, on avait déclaré les indigènes inhabiles à contracter pour toute somme au-delà de 5 piastres (25 francs). On en tenait la majeure partie parquée dans des villages où il était interdit aux blancs de s’établir, mais où eux-mêmes étaient forcés de résider. Ils payaient un tribut annuel, ainsi dénommé, qui par cela même était pour eux une humiliation. En retour, ils étaient exempts de l’impôt indirect de l’alcavala ; mais ils eussent mieux aimé subir l’alcavala et ne pas être tributaires. Ils n’étaient plus astreints à la mita ou travail forcé dans les mines ; cette charge, à laquelle l’indépendance seule a mis fin au Pérou, avait cessé au Mexique depuis assez longtemps. Sans doute une grande quantité d’Indiens travaillaient dans ces filons métalliques profondément enfouis au sein de la terre, mais c’était librement, et ils en retiraient de bons salaires.
Un certain nombre d’Indiens étaient dans l’aisance ; il y avait d’abord la catégorie des caciques ou nobles indiens descendant des chefs aztèques du temps de Montézuma, qui étaient affranchis du tribut et traités avec des égards particuliers. On avait même eu, à une certaine époque, l’intention de leur départir une bonne instruction par le moyen de collèges qui leur eussent été réservés. Cette heureuse pensée avait reçu un commencement d’exécution, mais on s’était donné le tort de n’y pas persévérer, et même les familles plus ou moins riches d’Indiens nobles restaient privées d’éducation. En dehors de cette classe, des circonstances diverses, des exceptions qui s’étaient maintenues, avaient procuré la richesse à quelques-uns. M. de Humboldt cite une vieille femme qui mourut à Cholula, ville importante sous les Aztèques, pendant qu’il