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dont il faut lui tenir compte, car il prouve la sincérité de ses récentes déclarations pacifiques. En dehors du désordre moral que peuvent provoquer les manifestations organisées à Rome, il n’y a donc pas lieu de craindre de prochaines complications politiques en Italie. Le gouvernement de M. Rattazzi fait d’ailleurs preuve d’intelligence en appliquant son activité et celle du parlement aux questions d’affaires, c’est-à-dire aux mesures qui doivent hâter l’organisation de l’Italie et mettre en valeur les richesses naturelles de ce beau pays. Le ministre des finances, M. Sella, a présenté son exposé financier, qui a été favorablement accueilli, et les mesures extraordinaires qu’il entraînera exerceront sans doute une influence heureuse sur le mouvement des capitaux en Italie. De cette sorte sont les ventes annoncées de biens nationaux et la réunion de la caisse ecclésiastique au domaine de l’état, qui permettra aussi de mettre en vente les biens que cette caisse était chargée de régir. Ces aliénations de domaines nationaux ou de mainmorte dans un pays où la petite propriété n’a pas pris encore de développemens suffisans, outre qu’elles favoriseront l’essor et l’accroissement de la classe des petits propriétaires, seront pour le trésor italien très productives. Il faut féliciter aussi M. Pepoli, qui déploie une grande activité dans la direction du ministère du commerce, d’avoir décidé la création d’un établissement de crédit foncier. Les personnes qui connaissent l’état de la propriété en Italie assirent qu’une institution de crédit foncier est appelée à y rendre les plus grands services : ce rouage de crédit sera particulièrement utile au moment où le gouvernement italien cherche dans des ventes de biens nationaux une ressource extraordinaire pour ses finances. On dit que ces ventes rencontreront une certaine opposition dans le parlement. Cette opposition serait peu intelligente. L’exemple récent de l’Espagne doit être pour l’Italie un encouragement décisif. L’Espagne doit à la vente des biens nationaux la prospérité financière sans précédens dont elle jouit depuis quelques années ; on peut dire qu’elle vit sur la desamortizacion. Le gouvernement italien fait encore preuve d’une réelle sagacité en imprimant à l’établissement des chemins de fer une impulsion vigoureuse. Les chemins napolitains vont être concédés à une des plus puissantes compagnies de l’Europe. À ceux que l’unité italienne trouve encore incrédules, l’achèvement du réseau italien apportera la réfutation matérielle la plus péremptoire. Quant à nous, nous sommes convaincus que l’unité morale devancera l’unité matérielle, et ne recevra de celle-ci qu’une consécration définitive. Tous les jours de nouveaux symptômes montrent combien est avancée l’œuvre de l’unité dans les cœurs italiens. Parmi ces symptômes, il en est d’un piquant imprévu : celui-ci par exemple. Le gouvernement italien ne prépare pas seulement des chemins de fer pour l’ancien royaume de Naples ? il s’efforce d’y répandre au sein des masses l’instruction. Des écoles pour le peuple sont ouvertes à Naples, et elles sont fréquentées avec empressement. Nous avons sous les yeux une lettre d’un touriste émerveillé qui, visitant une de ces