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meilleur des partis entre lesquels il lui restait à choisir. Emprunter eût été une folie; augmenter à petit bruit la dette flottante, pour gagner du temps et pour forcer plus tard une consolidation par l’énormité des découverts, eût été se donner le plus triste des démentis. Il a préféré braver l’impopularité de nouvelles taxes, et c’est un acte de courage.

J’entends des gens prétendre que quelques membres du corps législatif, de ceux même qui ont toujours voté selon les vœux du pouvoir, plus influencés cette fois par le soin de leur popularité que par toute autre considération, désireux, à l’approche d’élections générales, de se concilier les suffrages, essaieraient d’échapper à leur embarras en repoussant d’une main tout ou partie des nouveaux impôts, en votant de l’autre le budget des dépenses tel qu’il est présenté. Je ne puis admettre un semblable calcul. Le suffrage universel a mis, cela est vrai, la nomination des députés entre les mains d’électeurs dont le plus grand nombre ignore complètement ce que c’est qu’un budget. Cependant il se trouve parmi eux des gens capables de comprendre et d’expliquer aux autres que des dépenses faites doivent être payées, et que diminuer les ressources au lieu de supprimer les dépenses, ce n’est pas faire autre chose qu’ajourner les difficultés en reculant l’heure inévitable de la liquidation. Parmi les taxes proposées, plusieurs, (j’ai déjà dit mon avis à ce sujet)[1] soulèvent de sérieuses objections, quelques-unes ne sont ni plus ni moins mauvaises que beaucoup d’autres; quelques-unes enfin n’ont, comme les meilleurs impôts, d’autre inconvénient que d’être des impôts, avec cette circonstance aggravante pourtant, qu’elles viennent s’ajouter d’une manière fâcheuse à un fardeau déjà pesant et remplacer par de nouvelles charges des dégrèvemens récemment et solennellement promis.

Resterait à examiner sur quelles parties du budget doivent porter les réductions dont la nécessité ne peut longtemps être évitée. Le budget de 1863 présente sur celui de 1862 des augmentations dont plusieurs paraîtront mal justifiées. La commission ne trouvera pas que le moment ait été bien choisi pour proposer des additions à de gros traitemens lorsque de petits employés vivent dans une gêne voisine de la misère. Beaucoup d’autres dépenses anciennes ou nouvelles donneront justement prise aux critiques. Je ne veux pas me laisser entraîner à un examen de détails; je ne me sens ni en goût, m en position d’y procéder. Cela serait d’ailleurs difficile à la place où j’écris, il faudrait toucher à des points délicats, à des questions personnelles devant lesquelles le député a pour devoir de

  1. Dans la Revue du 15 février 1862.