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boursement à l’ennemi qu’on a vaincu. On les inscrit purement et simplement au chapitre des dépenses extraordinaires à couvrir, soit par l’emprunt, soit par l’impôt, souvent par les deux moyens à la fois. On commence par emprunter, et, comme l’effet de ces emprunts est d’augmenter le chiffre de la dette publique, on cherche ensuite à rétablir l’équilibre par de nouveaux impôts. Cette question de l’impôt est donc, nous le répétons, devenue fort à l’ordre du jour en Europe; elle a toutefois chez nous une importance particulière depuis que, dans un mémoire qui restera célèbre, M. Fould est venu nous éclairer sur l’état de nos finances, et qu’il nous demande 112 millions d’impôts nouveaux pour rétablir l’équilibre. Que faut-il penser du système des impôts en général, et de l’application de ce système à propos du budget de 1863 en France? Voilà des questions qui doivent préoccuper les économistes de tous les pays, et que le moment semble venu d’étudier de près.

Bien avant l’année 1862, l’attention publique avait été appelée à plusieurs reprises sur les questions d’impôt. On se rappelle l’effet produit en 1859 par l’exposé de M. Gladstone, demandant à l’Angleterre plus de sacrifices qu’elle n’en avait jamais fait à aucune époque, excepté pendant les guerres de l’empire, et cherchant à lui démontrer que ces sacrifices n’arrêteraient en rien le progrès de la richesse publique, que l’on continuerait à rester fidèle au programme économique de sir Robert Peel, et pour preuve, — en même temps qu’il proposait des charges nouvelles, — il proposait aussi des dégrèvemens. Le problème posé par M. Gladstone a-t-il été bien résolu? Il serait difficile de l’affirmer, car les deux budgets de 1860 et 1861 ont laissé un déficit; mais ce qu’on peut dire à sa décharge, c’est que son plan a dû être contrarié par les événemens qui ont suivi, et surtout par la guerre d’Amérique.

Après l’exposé de M. Gladstone est venue la même année en Belgique la suppression des octrois. Cette réforme, la plus considérable en matière d’impôts qu’on ait tentée depuis longtemps, est encore trop récente pour qu’il soit possible de la juger; mais, bonne ou mauvaise, elle atteste un certain esprit de résolution chez nos voisins. Après la réforme de la Belgique est venu aussi en 1860 le congrès de Lausanne. Le gouvernement du canton de Vaud devait pourvoir à des dépenses extraordinaires par la création de nouvelles ressources : il eut l’idée, avant de remanier son système d’impôts, de s’éclairer de l’opinion de tous les hommes compétens; il provoqua un congrès à Lausanne, où les diverses théories de l’impôt furent examinées. Malheureusement il n’en sortit pas une grande lumière; on discuta tous les systèmes à peu près, et on ne se rallia positivement à aucun.

Enfin en Angleterre, dans ce pays de liberté, où les idées font