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littoral, le golfe de Piombino se développe en un cirque pittoresque dont les flancs dénudés du Calvi à droite, et à gauche les montagnes verdoyantes de Gavoranno, viennent marquer, en mourant à la mer, les deux extrémités. Les fonderies et forges de Follonica, et plus près de Massa, sur la grande route, celles de Valpiana se révèlent par les tourbillons d’une fumée noire et épaisse que vomissent les fours. Dans les maquis restent cachées les alunières de Montioni, les mines de houille de Monte-Bamboli ; mais sur un autre point, et à quelques lieues de distance seulement, apparaît le village de Monte-Rotondo, perché sur une haute montagne. Là commencent ces fameux soufflards dont on aperçoit les blanches vapeurs qui se dégagent des profondeurs du sol. Ce sont les soffioni et les lagoni d’acide borique, source de l’immense fortune d’un Français, M. de Larderel, qui le premier a su les exploiter.

Non loin de Massa sont des sites aussi curieux que ceux que nous avons déjà visités. C’est Capanne-Vecchie avec ses vieilles mines de cuivre et ses anciennes carrières d’alun, dont les résidus de fabrication se sont transformés en bonne pouzzolane ; c’est l’Accesa avec son lac aux bords semés de joncs, aux eaux limpides, avec ses exploitations du moyen âge, non moins intéressantes que celles de Capanne. Après l’Accesa vient une vaste plaine, en partie formée de landes stériles. Là se dressent, sur des hauteurs isolées, d’un côté le château de Pietra que nous connaissons, de l’autre Monte-Massi avec ses mines de charbon, et plus loin Rocca-Federighi, un nid d’aigle perché à plus de 500 mètres. Les mines de cuivre de cet antique fief appartenaient autrefois à une comtesse de Sienne. Elles se trouvent dans les mêmes conditions géologiques que la fameuse mine de Monte-Catini, et sont aujourd’hui exploitées par un de nos grands industriels, M. Bourlon, député au corps législatif. Un château en ruine, qui s’élève à quelque distance du village, a gardé le nom de Scaccia-Gallo. Le curé de l’endroit m’expliqua à sa façon le motif de cette dénomination curieuse. Il prétendait qu’une bande de soldats ou de condottieri français de passage en ce point de la Maremme à l’époque où nos troupes inondaient l’Italie au XVe et au XVIe siècle, avait tenté vainement de s’emparer de ce château fort. Les assaillans auraient même, selon le curé maremman, à qui je laisse la responsabilité de son dire, été repoussés avec perte et violemment précipités à bas de ces rochers abrupts. De là le nom de Scaccia-Gallo resté à ce vieux castel.

Non loin de Rocca-Federighi est Sasso-Fortino, autre position jadis fortifiée, aux murs aujourd’hui en ruine, puis Rocca-Strada, dont les mines d’argent furent au moyen âge exploitées par des banquiers siennois. Revenant sur nos pas, gravissant les montagnes à notre droite et coupant à travers les maquis, nous tombons sur Boccheggiano