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taines contrées font de la volaille l’objet d’un commerce important. La Bresse, la Brenne, le Maine, l’Anjou, etc., sont connus comme produisant des poulets et des chapons d’excellente qualité. Les Marches normandes, le Perche, l’Anjou et plus encore l’Alsace et le Languedoc fournissent à notre consommation une grande quantité d’oies. La Champagne est renommée pour ses dindons, la Normandie pour ses canards; on trouve excellens les pigeons de Picardie. Enfin on estime à 45 millions de francs environ la valeur annuelle de tout ce que donnent nos volailles. Néanmoins c’est la petite culture qui, pour la plus forte part, alimente ce genre de commerce, celui des pigeons excepté. La grande et la moyenne culture ont en effet bien autre chose à faire qu’empâter des poulardes dans leurs épinettes ou réchauffer au soleil des dindonneaux qui prennent le rouge. Pour tirer profit de nos oiseaux de basse-cour, il faut une foule de soins qui ne conviennent qu’aux femmes. Aussi voyons-nous toujours la volaille commise à la surveillance directe de la fermière et constituant son troupeau particulier. C’est la fermière qui gouverne elle-même ce monde gloussant et piaulant ; presque toujours le prix de vente qu’elle en retire lui est abandonné, et ce dernier usage est pour beaucoup dans le maintien du chiffre élevé des volailles que possède la France.

La poule est, de tous nos oiseaux domestiques, le plus commun et le plus utile. Les œufs de poule sont les seuls qui donnent lieu à un commerce actif. Pendant l’année 1827, nos cultivateurs en avaient expédié à l’Angleterre 4,746,324 kilogrammes; en 1856, ces mêmes exportations atteignaient le chiffre de 8,891,167 kilogrammes. C’est pendant sa troisième année que la poule pond le plus grand nombre d’œufs, la quatrième année est encore bonne, ensuite la ponte devient insignifiante. Deux cents œufs pour ces quatre ans constituent déjà un assez beau produit. On utilise aussi, après sa mort, les plumes de la poule ; mais la valeur en est minime. Nos bonnes races françaises, dont la viande est si délicate, restent comme pondeuses préférables aux diverses races asiatiques que l’on a, depuis quelques années, introduites dans nos basses-cours. Quant à ces dernières, elles sont de meilleures couveuses, et finissent par prendre un plus fort développement. Néanmoins elles méritent le reproche grave de conserver des habitudes trop sédentaires, et par conséquent de ne pas assez chercher leur nourriture dans les herbages et dans les fumiers de la ferme.

Sous le rapport de l’utilité, l’oie vient après la poule. L’oie, qui n’est pas encore domestiquée comme la poule, et qui s’envole parfois avec les bandes de camarades sauvages qu’elle rencontre, fournit à notre industrie des plumes et un duvet dont la valeur est très