Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 40.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les sangsues; dans la Bretagne, l’Ile-de-France, l’Orléanais, etc., ce sont les abeilles que l’on multiplie; dans le Vivarais, ce sont les vers à soie qui filent leur précieux cocon. Néanmoins ces diverses industries, pas même la dernière, malgré l’immense importance qu’elle a pour la France, ne sauraient entrer dans le cadre de notre travail. Elles ne sont praticables qu’à la campagne; mais elles ne s’allient pas forcément, comme l’entretien de nos autres animaux domestiques, aux spéculations culturales dont nous nous sommes préoccupé avant tout dans cette étude.


IV. — L’ACCLIMATATION DES ESPECES NOUVELLES.

Les divers animaux dont nous venons de parler suffisent-ils réellement à notre agriculture, ou bien devons-nous, pour réaliser de plus rapides progrès, appeler à notre aide quelques espèces nouvelles? C’est ce qu’il nous reste à examiner.

Disons-le d’abord : il ne sera jamais sans danger d’introduire sur un domaine des bêtes qui ne sont pas admises par les usages du pays. Si certaines circonstances, malheureusement trop fréquentes en agriculture, obligent à diminuer le nombre des animaux entretenus jusqu’alors dans la ferme, comment se débarrasser de ceux que la pratique agricole n’a pas encore adoptés? Est-ce à dire qu’il faille ne se prêter à aucun essai? Loin de là. Nous voulons seulement indiquer avec quelle prudence on doit procéder quand il s’agit de choses toutes nouvelles, de véritables révolutions agricoles.

On l’avouera sans doute avec nous, ce qui manque le plus à nos exploitations rurales, c’est, non pas le nombre des espèces, mais le nombre des individus et l’excellence des races. Pour rendre meilleur un tel état de choses, il faut commencer par augmenter dans de larges proportions la masse des fourrages disponibles, plutôt que d’inviter de nouvelles catégories de convives à un festin encore insuffisant. Ramenée à ce point de vue, l’acclimatation des espèces nouvelles, — nous insistons avec intention sur le mot espèces, parce qu’il ne s’agit ici ni des races étrangères, ni de leurs croisemens, — l’acclimatation, disons-nous, ne perd-elle pas un peu de l’excessive importance qu’on lui attribue parfois? Elle devrait, selon nous, se borner aux animaux qui, sans exiger une plus forte dépense de fourrages, donnent une somme plus considérable de produits, et à ceux qui savent utiliser des ressources laissées jusqu’à ce jour sans emploi. Quant à l’élève des animaux d’ornement, il est évident, d’après ce qui précède, que ce petit détail reste pour nous entièrement réservé, et, à ne nous inquiéter que des grands intérêts du pays, nous croyons