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rience pour prêter un concours suffisamment actif et éclairé à leur président; si les comptables que la cour trouve en défaut ne sont pas punis, parce que le ministre des finances les protège, ou si l’on n’a nulle prise sur eux parce qu’ils n’ont pas fourni le cautionnement que la loi exige; si d’un autre côté le gouvernement grec n’a pas encore fait dresser l’inventaire des biens qui composent le domaine national, — le contrôle de cette magistrature suprême, instituée pour maintenir l’ordre dans les finances de l’état, deviendra presque insignifiant, son influence sera nulle, son action sans efficacité et sans crédit, et aucun des documens financiers que produira l’administration hellénique ne pourra être considéré comme étant revêtu d’une authenticité suffisante.

Tels sont pourtant les affligeans symptômes qui ont frappé les yeux de la commission. Elle a pu se convaincre que la théorie était toujours excellente, mais que presque partout la pratique était mauvaise. Elle a vu que les nombreux agens comptables à qui est confiée, dans les villes et les campagnes, la gestion de la fortune publique, par qui les impôts sont constatés, répartis et perçus, qui administrent les revenus des communes ou gardent les principales sources d’où l’état tire ses revenus, les éphores, les caissiers, les percepteurs, les magasiniers des dîmes, les agens des douanes, des salines, des mines, des forêts, ne sont point assujettis en général à la surveillance prescrite par les règlemens, qu’on ne vérifie point leurs comptes et qu’on n’inspecte pas régulièrement leurs caisses, qu’ils ne fournissent presque jamais le cautionnement légal, qu’enfin ils sont presque partout livrés à eux-mêmes, abandonnés à leurs propres instincts, aux bonnes ou aux mauvaises inspirations de leur nature. Un tel état de choses, au sortir des discordes civiles, quand la paix des consciences n’est pas encore faite, quand le désordre des passions et la licence des esprits ont régné longtemps sans contrôle, un tel état de choses, disons-nous, ne constitue pas un médiocre péril pour un gouvernement pauvre, dont les besoins surpassent infiniment les ressources, qui aligne péniblement ses budgets, et qui est créancier de 43 millions envers une foule de débiteurs inconnus !

Les ordonnances de 1833, 1836 et 1845, en complétant les dispositions que le président Capo-d’Istria avait déjà prises, ont organisé l’administration départementale de la Grèce, et l’ont dotée d’un système libéral qui consacre de précieuses garanties en faveur des sujets du roi Othon. Au sommet de cette administration, elles ont placé le nomarque (préfet), qui, assisté, surveillé au besoin par un conseil électif, exerce particulièrement son contrôle sur la gestion financière des éparques (sous-préfets) et des démarques (maires). Le nomarque établit chaque année, avec le concours de son conseil,