Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 40.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment en 407, pendant un second séjour de l’empereur à Rome. Elle était descendue dans les caveaux du Vatican parée de la pourpre des augustes, mais n’emportant avec elle que le vain nom d’épouse, Honorius, subitement épris de Thermantia, la sœur puînée de Marie, voulut l’épouser l’année suivante. Il l’arracha, non sans peine, aux répugnances de Stilicon, et ce fut pour la repousser bientôt loin de lui, et l’envoyer mourir, comme l’autre, vierge et répudiée. En politique, ce jeune homme présentait le même assemblage de caprices effrénés et d’impuissance. On le voyait tout à coup, et comme honteux de lui-même, renoncer aux amusemens d’une enfance prolongée pour tâcher de devenir homme. Désertant la volière où, de sa main impériale, il nourrissait Rome, sa poule favorite, il projetait de se rendre dans les camps, de montrer aux soldats le fils de Théodose, d’enlever l’armée à l’ascendant de Stilicon ; puis, quand il fallait agir, la conscience de son néant le ressaisissait, il s’affaissait sur lui-même, et il ne lui restait de ces soubresauts douloureux qu’une haine plus implacable contre la main dont il ne pouvait pas se dégager. Aussi écoutait-il avidement toutes les calomnies répandues contre son ministre. Sérène, douce et tendre comme une mère, travaillait incessamment à calmer cette âme ombrageuse : c’était dans la maison de Théodose le génie de la paix ; Placidie était celui de la guerre.

Sur ces entrefaites, Arcadius mourut, laissant pour héritier de l’empire d’Orient Théodose II, son fils, à peine âgé de huit ans. Jamais plus belle occasion ne pouvait s’offrir à l’Occident de ramener l’union entre les deux empires, et d’obtenir peut-être de la cour de Byzance, par de bons offices et une sage protection, la restitution volontaire de ces provinces grecques, objet de tant de regrets. Honorius, qui parut le comprendre, proposa d’aller lui-même à Constantinople présider à l’installation de son neveu ; mais avant de partir il voulait passer une revue générale de ses troupes, visiter les auxiliaires dans leurs cantonnemens de Ravenne et de Bologne, et les légions au camp de Pavie. Le régent combattit ce projet, et pour des motifs de prudence, car le départ du prince enhardirait les ennemis de l’Italie à se jeter sur elle, et pour des motifs d’économie, car le trésor se trouvait à sec. C’était à lui de partir, disait-il, et comme le voisinage d’Alaric le préoccupait constamment, il conseilla à l’empereur d’envoyer pendant ce temps-là le roi goth, avec une adjonction de troupes romaines et sous la surveillance de généraux romains, faire une campagne en Gaule pour reconquérir cette grande préfecture. Honorius feignit d’entrer dans ses vues, lui remit deux lettres, l’une pour Alaric, l’autre pour Théodose, et n’en continua pas moins ses préparatifs de tournée. Stilicon en resta tout interdit. « Empêche ce voyage à tout prix, lui dit un de ses asses-