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devant deux séries où il n’a eu la main que trop heureuse : nous parlons des vases et des bronzes.

Évidemment les bronzes étaient une des prédilections du créateur de cette galerie. Si peu connaisseur qu’on fût, il était impossible de visiter le palais de la rue del Babuino sans être émerveillé et du grand nombre, et de la variété, et de l’exquise élégance des œuvres de bronze antiques qui s’y trouvaient accumulées. Ni la collection de Florence, si précieuse qu’elle soit, ni même celle du Vatican, ne laissaient une telle impression ; il fallait aller jusqu’à Naples pour en sentir une plus vive et plus complète encore, grâce aux trésors que Stabies, Pompéi et Herculanum ont versés dans le musée Bourbon, et nous ne savons même si, notamment pour les armures, le cabinet Campana ne pouvait pas prétendre à surpasser tous les autres. Aussi, lorsqu’il y a quatre mois nous visitâmes pour la première fois ce grand salon carré où sont disposés en si bon ordre et avec tant d’art les bijoux, les verreries et les bronzes de la galerie, l’idée nous vint d’abord qu’une autre salle et d’autres vitrines devaient donner le complément de la série des bronzes. Nos souvenirs étaient comme en défaut. Cette série nous semblait encore belle, et même encore nombreuse, mais elle avait dans son ensemble plus de maigreur et moins de distinction qu’il y a cinq ans, à Rome, dans les salles, moins vastes il est vrai, du palais Campana. C’est qu’en effet il y manquait la plupart des figures et statuettes qui nous avaient le plus émerveillé, entre autres cette statue de grandeur demi-naturelle trouvée près de Pérouse, ce Lucumon portant collier, bracelet et diadème, figure couchée sur un cippe funéraire, si franchement étrusque et d’un travail si fin et si serré, puis ce groupe archaïque d’une femme et d’un guerrier étrusque armé de toutes pièces et le carquois à la main, et cet Hercule imberbe si pur et si puissant, et toutes ces figurines de dieux et de déesses qui semblaient se grouper autour du demi-dieu ; il y manquait le casque de Bolsena, si justement célèbre, casque étrusque en argent dont le cimier, en forme de trident, a pour support deux chevaux marins ailés d’une si franche allure, et puis cet autre casque portant en relief une tête de Méduse, cet autre surmonté d’une figure de cygne, et deux encore coiffés d’une tête de lion, sans compter les baudriers et les cuirasses, les glaives et les fers de lance tous décorés en saillie de figures d’animaux, de têtes d’aigle, de chimères de harpies ; il y manquait encore six candélabres incomparables comme forme et comme style, les uns supportés à la base, les autres couronnés au sommet par une élégante figure ; une vingtaine de miroirs gravés et à manches sculptés de la plus rare perfection, des vases en égal nombre et de formes exquises, enfin quelques ustensiles conçus et décorés artistement,