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continues ou même ranimées. « Pressé par nos raisons, écrivit Louis XIII au marquis d’Effiat[1], le comte de Carlisle s’y est rangé, ne les pouvant combattre ; ce que j’apprends de lui et de quelques-uns de sa suite, c’est que cette persécution n’a été commencée que pour faire voir que ce n’est pas l’Espagne qui procure aux catholiques du relâche, et pour m’en gratifier et faire valoir cela au compte de ma sœur. De quoi certes j’aurais peine à me payer si je pouvais faire davantage que les prier, et si je croyais qu’il y eût autre voie que celle-là, et plus prompte... Pressez donc le prince et le duc de Buckingham de me donner contentement en cette occasion. »

Ils n’eurent garde de s’y refuser; les rigueurs anglaises s’arrêtèrent, et le 1er septembre suivant Louis XIII put écrire au marquis d’Effiat : « Votre dépêche arrivée hier m’a assuré que ce qui vous avait été promis en faveur des catholiques a été exécuté ; à quoi je vous prie de veiller, et sans vous fier aux réponses des principaux officiers de justice, informez-vous de ce qui se passe pour, en cas de contravention, requérir l’exécution de ce qui vous a été accordé. Quant à ce qui regarde l’inquiétude où se trouve le roi de la Grande-Bretagne pour ne savoir mes intentions sur le fait du mariage, vous pouvez lui dire que je n’ai point changé. »

Louis XIII et son ministre avaient fait plus que ne pas changer : touché des raisons qu’alléguaient les Anglais contre la publicité de l’engagement écrit de leur roi en faveur des catholiques, « raisons très fortes, dit Richelieu lui-même, et capables de convaincre tout homme non préoccupé de passion, le cardinal conseilla au roi de condescendre à un article particulier (non inséré dans le contrat de mariage), jugeant que la religion en recevrait un solide avantage, et que disputer plus opiniâtrement ce point ne serait que rechercher une vaine réputation de promouvoir l’utilité de l’église sans effet, vu que mains il y aurait d’opposition, de la part des protestans, à ce qui serait promis, plus le roi de la Grande-Bretagne aurait de facilité à le faire observer. »

Les deux gouvernemens une fois d’accord sur ce point, l’article particulier fut rédigé et convenu à Paris, le 7 septembre 1624, par les commissaires français et anglais, en ces termes :

« Le roi de la Grande-Bretagne donnera au roi un écrit particulier signé de lui, du sérénissime prince son fils et d’un secrétaire d’état, par lequel il promettra, en foi et parole de roi, qu’en contemplation du mariage de son très cher fils et de Madame, sœur du roi très chrétien, il permettra à tous ses sujets catholiques romains de jouir de plus de liberté et franchise, en tout ce qui regarde leur

  1. Le 1er août 1624.