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grecque et latine, ou vivantes, française, allemande et espagnole. Le programme est d’ailleurs aussi bien conçu que possible, et plus complet même que celui de nos lycées, en ce qu’il comporte plusieurs cours qui sont chez nous du ressort des écoles d’application[1].

Le nombre total des établissemens d’instruction à New-York est de 239, sur lequel on compte 3 écoles normales, 43 écoles du soir, 87 écoles primaires pour filles et garçons, 47 écoles de grammaire pour garçons, autant pour filles, et 11 écoles pour les enfans de couleur, car le sentiment abolitioniste chez l’Américain du nord ne va pas jusqu’à permettre au nègre d’avoir quoi que ce soit en commun avec le blanc. Le nombre d’enfans qui profitent chaque année de cet enseignement est de 170,000 sur une population totale de 814,000[2] ! Peu de chiffres ont moins besoin de commentaires. À la vérité, la moyenne journalière des élèves présens n’est guère que de 60,000, ce qui étonnera peu, si l’on réfléchit à l’âge des enfans dans les écoles primaires et à la position souvent plus que modeste des parens ; mais, il faut tout dire, cet enseignement, si suivi dans les premiers degrés, devient une lettre morte, ou peu s’en faut, dans sa période la plus élevée. On a vu quelle intelligente sollicitude avait présidé à l’organisation de l’académie libre, et il eût été juste d’ajouter que tout y est sur le pied d’une libéralité voisine du luxe. Eh bien ! veut-on savoir combien d’enfans, lors de mon séjour, cherchaient à s’élever au-dessus des humbles limites de l’école de grammaire, combien venaient demander à l’académie une instruction qui est chez nous le lot commun de la classe moyenne ? 814 en tout pour la grande ville de New-York ! Encore plus de la moitié de ce chiffre appartenait-il à la classe inférieure, ou introductory, après quoi la progression devenait rapidement décroissante, et la deuxième classe, ou freshman, n’avait plus que 168 élèves, la troisième, sophomore, 109, la quatrième 69, et la plus élevée, ou senior, 36 ! Quant aux diplômes universitaires attestant la solidité des études, le nombre de ces actes, plus restreint encore, ne s’élevait, année moyenne, pour les bacheliers qu’à 28, pour les maîtres ès-arts ou licenciés qu’à 12 !

Je dus à l’obligeance de MM. Thomas Boésé et Myron Finch, du Bureau de l’Education, de voir dans le plus grand détail les principales écoles de New-York. Celle que nous visitâmes en premier lieu,

  1. On doit établir à New-York une académie libre, sur un plan analogue, pour les jeunes personnes. Ce projet aurait même déjà été mis à exécution, si les dépenses causées par la guerre ne s’y étaient opposées.
  2. On représente généralement la population de New-York comme étant de plus d’un million, parce que l’on y fait entrer les 266,000 âmes de Brooklyn ; mais ce colossal faubourg forme une municipalité à part, et ses écoles sont distinctes de celles de New-York.