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commencement de l’année (le 15 janvier 1709), on voit qu’il regardait sa correspondance comme un lien entre l’Angleterre et la Hollande, et qu’il écrivait l’œil fixé sur les intérêts des deux pays. Ses prévisions sont toutes rassurantes. Il compte sur l’avenir du siècle, sur la solidité de la religion protestante et des libertés de l’espèce humaine, sur la féconde alliance des deux nations qui président à ce grand ouvrage. Maintenant que tout nuage est dissipé entre le gouvernement de la reine et lui, il s’emploiera de tout son pouvoir dans le comté de Dorset, où il a sa principale influence. Au reste il n’a jamais partagé la méprise de ces whigs qui ont contrarié Marlborough et Godolphin. Il blâme lord Peterborough de s’être mis à l’écart et trop rapproché de Harley, lui-même trop séparé maintenant de son ancien parti. Quant à lui, il n’a rien de plus à cœur que de contribuer à resserrer les liens de la Grande-Bretagne et des provinces-unies. Il ne faut ni s’acharner à des malentendus ni exagérer les torts. « Quoique l’humanité soit réellement améliorée et relevée par le libre gouvernement, l’homme cependant sera toujours homme, et ses infirmités se laisseront apercevoir… On se plaint des injustices des démocraties ;… mais, hélas ! qu’est-ce que cela en comparaison de ce qu’on supporte dans les monarchies pures ? Sans remonter plus haut que notre temps, que pensez-vous qu’il fût advenu de notre constitution anglaise, si le roi Charles II n’avait pas été un prodigue, le roi Jacques un bigot, ou si le roi Guillaume le Victorieux avait remporté par lui seul les avantages qui, grâce à la bénédiction du ciel, ont été obtenus par la force commune et la vertu réunie de deux nations conduites par un simple particulier et sous les bonnes influences d’une douce, vertueuse et pieuse reine ? » De certains troubles, excités sans doute par quelque intrigue étrangère ou par la lassitude de la guerre, l’inquiètent pour la cause commune. On ne devrait cependant pas oublier que tout appel à la populace est ce qu’il y a de plus destructif du gouvernement populaire lui-même. » La force de la France n’est pas à craindre tant qu’on lui tient tête ; mais si l’on écoute ceux qui ne savent qu’exalter sa puissance, on finira par faire avec elle une paix au moins indifférente, et, grâce à cette manie générale de l’Europe de courir après les modes et les mœurs de la France, celle-ci reprendra son empire, et nous pouvons revoir de notre temps s’engager une lutte plus dangereuse encore pour la liberté de l’Europe et de l’humanité. »

Il ne faut donc ni craindre ni tolérer des émeutes dans aucun des deux pays. La Hollande ne peut avoir oublié l’histoire des deux de Witt. En Angleterre, malgré les troubles qu’excite le procès du docteur Sacheverell, « la bonne cause n’est point en déclin ; ce ne sont là que de vaines apparences ; la patience et la modération admirables