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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/756

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urgentes; on immergea 500 kilomètres d’un nouveau câble entre Aden et Suakin, et les transmissions reprirent en juillet. Ce fut pour cinq jours seulement : une nouvelle interruption eut lieu entre Suez et Cosseïr, et l’entreprise fut abandonnée.

Les trois câbles de l’Océan-Indien furent immergés en janvier et février 1860 avec les mêmes soins que les précédens. Quelques pertes furent aussi réparées, mais la ligne entière ne put fonctionner que pendant peu de jours. Les défauts qui y existaient n’étaient pas graves cependant. Entre Aden et Hellani, il y avait une soudure mal faite à réparer dans une profondeur d’eau très faible. Auprès de Kurrachee, le câble avait été coupé sur la côte, parce qu’il était roulé par les vagues. La section intermédiaire restait seule bonne; mais, éloignée par ses deux bouts de la grande route des Indes, elle ne pouvait servir à rien. La compagnie n’avait pas sur les lieux les ressources nécessaires à de tels travaux, ni peut-être des agens expérimentés pour diriger les recherches. Il est fâcheux qu’elle se soit découragée, car, avec une faible dépense, elle aurait pu sans doute rétablir les communications. Sur le plus long fil, celui d’Aden à Hellani, la vitesse de transmission n’était pas moindre de cinq mots par minute : beau résultat, sans contredit, eu égard à la longueur. Les promoteurs de l’entreprise paraissent avoir été rebutés par les interruptions successives et par une appréciation inexacte des difficultés que l’on avait reconnues en relevant les câbles interrompus. Ainsi l’on prétendit qu’aucune enveloppe métallique ne pourrait résister sur le soi rocailleux de la Mer-Rouge, que les eaux, surchauffées par le soleil des tropiques, étaient également nuisibles à la conservation des conducteurs : craintes exagérées sans doute, obstacles que l’on pouvait surmonter. Quoique ces travaux aient marqué un progrès sérieux sur les tentatives précédentes, nous devons dire cependant que quelques fautes furent commises : par exemple, on n’avait peut-être pas tenu suffisamment compte du climat et de la nature du fond, lorsqu’on avait choisi le modèle du câble adopté.

Pour compléter l’histoire de ce qu’on peut considérer comme l’enfance de la télégraphie sous-marine, il reste à noter les tentatives malheureuses faites par MM. Newall pour réunir Alexandrie à Constantinople. La ligne devait desservir les îles de Chio, Syra et Candie. Les sections de Constantinople aux Dardanelles, des Dardanelles à Chio, de Chio à Syra, étaient courtes et dans des eaux peu profondes; aussi la pose s’opéra sans accident. La partie la plus difficile était entre Candie et l’Egypte; trois essais malheureux eurent lieu en 1858 et 1859, et l’entrepreneur finit par y renoncer. Dans l’un de ces essais, l’ingénieur avait fait usage d’un câble en-