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date du 21 juillet, et une loi du 14 juillet accorda le crédit de 1,900,000 francs, prix stipulé pour l’achat et la pose.

Ce câble devait aboutir, d’un côté dans la baie de la Salpêtrière, au nord et tout près d’Alger, de l’autre dans l’anse des Sablettes, à huit ou neuf kilomètres de Toulon. La distance entre ces deux points est d’environ 750 kilomètres. Voici quel est le profil de la mer : en partant des Sablettes, la profondeur augmente rapidement, car à 7,000 mètres de la plage on trouve déjà 200 mètres d’eau; on descend peu à peu sur un plateau situé à une profondeur moyenne de 2,500 mètres et qui s’étend jusqu’aux Baléares, à mi-chemin de Toulon à Alger. Autour de ce groupe d’îles, le sol se relève; on retombe ensuite sur un second plateau un peu plus profond que le premier et qui règne jusqu’à la côte d’Afrique, où le terrain se relève également avec rapidité. La profondeur maxima de tout le parcours ne dépasse pas 2,900 mètres. Pour que la ligne fut bien indépendante de tout territoire étranger, le gouvernement exigeait que le câble passât au large des Baléares; cependant il permit, afin de faciliter la pose, qu’on se rapprochât jusqu’aux fonds de 140 mètres, et il fut convenu qu’une bouée pourrait être attachée au câble dans ces parages pour lui servir de repère pendant un temps limité.

Le câble adopté avait un conducteur en cuivre recouvert de huit couches successives de matière isolante. L’enveloppe protectrice se composait de filin goudronné et de dix fils d’acier de 2 millimètres de diamètre, recouverts eux-mêmes de chanvre goudronné et enroulés en spirale autour de l’âme. Le diamètre total était de 2 centimètres. Des portions de gros câble à très forte armature étaient réservées pour les atterrissemens jusqu’à la profondeur de 200 mètres, au-dessous de laquelle les ingénieurs estiment que le conducteur se trouve hors de toute atteinte. Ce câble fut confectionné avec un soin remarquable sous la surveillance des agens de l’administration française; l’isolement de l’âme était environ dix fois meilleur que dans les conducteurs de la Mer-Rouge. Souple, léger, résistant, d’un très mince volume et très satisfaisant sous le rapport électrique, il réunissait toutes les conditions de succès. Cependant, si bon qu’il fût pour la ligne dont il s’agit, il ne faudrait pas croire qu’on n’aurait qu’à copier ce modèle pour d’autres lignes, car la vitesse de transmission, qui dépend de la section du fil de cuivre conducteur et de sa gaîne, ne serait plus suffisante pour une distance supérieure à 1,000 ou 1,200 kilomètres.

Le gouvernement français, qui avait déjà fait terminer les sondages par un bâtiment de l’état, désigna encore la corvette le Colbert pour jalonner la route pendant la pose. Le William-Cory,