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LE
LITTORAL DE LA FRANCE

L’EMBOURCHURE DE LA GIRONDE ET LA PÉNINSULE DE GRAVE.

L’embouchure de la Gironde et le golfe de Cordouan forment l’un des parages les plus curieux de la mer qui baigne les côtes de France. Comme les bords de la Basse-Loire et du golfe de la Seine[1], les rivages de l’estuaire girondin encadrent de vastes nappes d’eau où l’on peut étudier tous les phénomènes des courans et des marées; mais ils se distinguent aussi par des caractères qui leur sont propres. La bouche de la Gironde est, à tous les points de vue, une véritable solution de continuité dans le développement des côtes de la France. Tandis qu’au nord la ligne mouvementée des rivages est défendue par une barrière d’îles et présente une succession continuelle de baies et de péninsules, des pointes rocheuses du Finistère aux dunes de la Saintonge, la plage méridionale, dépourvue de presqu’îles, de golfes et de promontoires, se prolonge en droite ligne vers le sud jusqu’à la base des Pyrénées. Les eaux de la Gironde, situées exactement à égale distance du pôle et de l’équateur, forment aussi bien pour la France que pour l’hémisphère entier la vraie ligne de séparation entre le nord et le midi : d’un côté s’étendent des collines riantes et bien cultivées, de l’autre les

  1. Ce dernier nom rappelle la remarquable série d’études consacrées aux côtes de France par un des collaborateurs les plus regrettés de la Revue, M. J.-J. Baude. En traitant ici quelques-unes des questions scientifiques qui se rattachent à l’embouchure de la Gironde, nous essayons d’entrer dans la voie qui a été si bien ouverte.