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MYRTO.

Reprends ta gerbe, ma mère doit m’attendre.

BACTIS.

Ta mère me plaint et m’estime. Allons lui demander conseil, (Ils sortent.)


ACTE TROISIÈME.


SCÈNE PREMIÈRE.
MYRTO, CARION.


MYRTO.

Est-il vrai qu’il ait recouvré la vue ?

CARION.

Le plus grand bonheur du monde est arrivé à mon maître, à son fils, à vous, à moi, — car j’espère en avoir ma part, — enfin à Plutus lui-même, dont les yeux éteints sont devenus plus brillans que deux étoiles. Laissez-moi courir pour que le premier j’annonce la nouvelle à votre mère, car toute bonne nouvelle a droit à un présent, et je lui veux demander un de ces gâteaux qu’elle fait si bien.

MYRTO.

Je t’en donnerai tout un collier, si tu me racontes l’aventure sans y mêler tes paroles de fou.

CARION.

Laissez-moi devenir riche ! Je ne dirai alors que des choses sages, et qui paraîtront admirables à tout le monde ! Écoutez bien : sitôt que nous sommes sortis d’ici hier soir, nous avons conduit Plutus à la mer, et nous l’y avons bien lavé.

MYRTO.

Un bain froid à un vieillard !

CARION.

Il n’était pas trop content ; mais nous l’avons bien vite conduit au temple d’Esculape. Nous y avons consacré les gâteaux et la farine avec la flamme de Vulcain, suivant l’usage, après quoi nous avons couché Plutus sur un petit lit, et chacun s’en est accommodé un tout semblable pour faire la veillée avec lui. Il y avait là bon nombre de malades, entre autres ce Néoclidès qui se dit aveugle aussi, et qui vole la république aussi proprement que s’il avait les yeux de Lyncée. Or, quand nous avons tous été couchés dans le temple, le sacrificateur est venu nous commander de dormir et de ne pas bouger, quelque chose que nous pussions voir et entendre. Moi, dans l’attente de quelque prodige, je me tenais bien éveillé, quand je vis