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faire vivre deux cent mille vieillards, femmes et enfans ! Nous espérons que des voix éloquentes sauront dans nos chambres établir et maintenir cette distinction à propos du crédit demandé par le gouvernement, et sauront profiter de cette circonstance pour adresser à la générosité publique un appel retentissant. Que la charité privée, avec une œuvre si vaste et si pressante devant elle, ne se laisse donc pas décourager par l’intervention de l’état et ne cherche pas dans cette intervention un prétexte à sa défaillance. Le sentiment d’un devoir grandement rempli serait une honnête et féconde satisfaction pour la conscience de la France. Pouvant le bien, nous aurions montré que nous voulions et savions le faire. Nous nous rendrions alors ce témoignage, que nous sommes en état de compter sur nous-mêmes, et la vie politique de notre pays ne serait pas la dernière à profiter du réveil de ce mâle et honnête sentiment.

La question des prochaines élections, qui plane sur le discours impérial, ta dominer également la session qui commence. La phrase du discours de l’empereur sur laquelle nous avons insisté peut servir de base d’opérations aux membres du corps législatif qui ont donné des gages constans à la cause libérale. Le nombre de ces députés est petit, mais leur mission est grande. Grâce aux immunités dont ils jouissent au sein de la chambre, ils ont seuls la puissance de tracer le programme électoral de l’opinion libérale et de le placer devant le pays sous une forme saisissante. Le cours de la session nous fournira plus d’une fois l’occasion d’énoncer et de développer les articles nécessaires et fondamentaux de ce programme.

Dans tous les pays modernes, de temps en temps la situation des banques figure parmi les questions politiques les plus importantes. Cela est arrivé souvent aux États-Unis, en Angleterre, et le même fait semble se produire en France à l’heure qu’il est. Il s’agit toujours, dans ces circonstances, des oscillations des réserves métalliques des banques et des mesures les plus propres à conjurer la sortie du numéraire. Des discussions semblables s’engagent en ce moment à propos de la situation de la Banque de France publiée récemment par le Moniteur. Cette situation n’était rien moins que favorable : l’encaisse était descendu à 268 millions, et les engagemens exigibles s’élevaient, en ajoutant les comptes courans à la circulation, à près de 1 milliard 100 millions. La proportion théorique qui veut que l’encaisse des banques représente au moins le tiers des engagemens exigibles n’était plus observée. Ici s’élève le débat ordinaire : quel est pour la banque le moyen le plus rationnel et le plus efficace de reconstituer son encaisse ? Ce moyen est connu : il a été souvent pratiqué ; il a toujours produit un effet prompt et certain : c’est l’élévation de l’escompte jusqu’au niveau qui favorise là rentrée des espèces. Ce moyen est fondé sur la véritable intelligence des phénomènes économiques qui influent sur le mouvement des métaux précieux. Ces métaux, étant la représentation la plus commode et la plus disponible du capital, éprouvent dans leurs mouvemens, avec une sensibilité extrême, l’influence des variations du loyer des capitaux. Ils ont