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Tout est bien. Notre plénipotentiaire, à la vérité, n’a guère tenu compte de nos instructions ; mais c’est la faute des circonstances. Les agens européens ont faussé l’entreprise dès le premier moment en n’envoyant pas un ultimatum, comme ils le devaient ; mais c’est la faute du plénipotentiaire anglais. Si on nous objecte que nous avons blâmé article par article la convention de la Soledad, on oublie que nous l’avons approuvée dans son ensemble. On accuse le général Prim de n’avoir pas ouvert les hostilités ; c’est que réellement nous n’allions pas faire la guerre, intervenir, nous mêler des affaires du Mexique ; le traité du 31 octobre ne prévoyait rien de semblable ; . nous allions faire la paix, négocier, obtenir des satisfactions ; Nous n’avons rien obtenu, il est vrai, et le général Prim ne s’est pas moins rembarqué ; il vous l’a ; dit, il ne pouvait rien faire d’autre. C’est la faute des projets de monarchie, de la candidature de l’archiduc Maximilien, d’Almonte, des vivacités belliqueuses de l’amiral Jurien de La Gravière, de tous, excepté de nous. Et maintenant que pouvons-nous faire ? Demander que le traité de Londres soit remis en vigueur pour que nous puissions rentrer dans l’expédition du Mexique. Nous l’avons essayé, on n’a pas voulu. — Je ne dis pas que ce soit là tout à fait le discours du ministre des affaires étrangères, M. Calderon Collantes ; c’en est du moins le sens.

Il n’y a qu’un malheur dans ces explications, c’est que si le ministère.de Madrid est ici d’accord avec le général Prim, il voit se lever contre lui M. Bermudez de Castro, puis les deux derniers ambassadeurs de la reine Isabelle à Paris, M. Mon et le général Concha, qui s’arment de tout ce qui a été fait, dit, écrit ou pensé, pour démontrer que ces choses que l’on représente aujourd’hui comme des violations du traité du 31 octobre et comme les motifs de la rupture, le gouvernement espagnol les connaissait dès la première heure, avant de s’engager dans l’expédition. Au fond, les motifs de la rupture d’Orizaba et du rembarquement des troupes espagnoles peuvent se réduire à un seul : c’est que la France a voulu systématiquement renverser le pouvoir de Juarez et faire la guerre pour arriver à la fondation d’une monarchie mexicaine, à l’établissement de l’archiduc Maximilien sur ce trône nouveau. Quand on y réfléchit bien, la première, la vraie faute, c’est la pensée d’une expédition engagée dans de telles conditions. Cette pensée une fois admise cependant, le gouvernement espagnol est le dernier qui puisse en décliner les conséquences et représenter ces idées comme le motif de la rupture, puisqu’il n’ignorait rien, puisque dès l’origine il ne semble pas avoir conçu l’expédition autrement que le gouvernement français, lui-même, ainsi que l’ont montré M. Bermudez de Castro, le marquis de La Havane et M. Mon. M. Calderon Collantes dit aujourd’hui que l’Espagne, en allant au Mexique, n’avait point le dessein de faire la guerre, d’intervenir par la force, à moins d’une obligation extrême, et le général Concha lui répond aussitôt : « Si réellement sa seigneurie n’avait d’autre objet que d’éviter la guerre, qu’elle me permette de lui dire que les instructions données au général Serrano et au comte de Reus lui-même étaient conçues dans un sens ouvertement contraire. Ces instructions étaient la guerre, si bien qu’en les lisant, le général Serrano donna des ordres au général Gasset pour agir en conséquence. Les instructions du général Serrano étaient conçues en termes violens, et le capitaine-général, de