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TROIS ANS
DE
CAMPAGNE AU SENEGAL

Le 12 mai 1859, je reçus l’ordre de prendre à Rochefort le commandement de l’Etoile, aviso à vapeur de 100 chevaux construit pour la navigation du Danube. La guerre imminente en ce moment avec l’Autriche avait fait changer la destination de ce bâtiment. Au lieu d’aller protéger nos intérêts commerciaux dans des pays européens, l’Étoile était appelée à la station du Sénégal, et devait faire partie de ces nombreux steamers qui, par le grand fleuve africain et les nombreux marigots de son delta, font rayonner notre influence de Saint-Louis sur les contrées environnantes.

Le 22 juin à midi, l’Etoile quittait la rade de l’île d’Aix ; le 1er juillet à minuit, nous laissions tomber l’ancre devant Santa-Cruz de Ténériffe ; le 10, après une relâche de cinq jours employés à compléter nos approvisionnemens, nous reconnaissions la terre d’Afrique, dont les dunes stériles se déroulaient à perte de vue sur notre gauche, océan de sable aussi monotone, aussi perfide, aussi dangereux que celui qui nous portait. À neuf heures du matin, la tour de N’Diago, près de laquelle apparaît encore, comme un rappel à la prudence, le squelette de la frégate le Caraïbe, surgissait à nos regards, et nous avertissait que nous étions au nord de la ville de Saint-Louis du Sénégal. Bientôt les maisons blanches de la capitale de nos établissemens se dessinèrent à l’horizon. À midi, nous franchissions la barre du fleuve, et quelques instans après nous mouillions en face de l’hôtel du gouverneur, dont nos canons saluèrent