Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHRÉMYLE.

Mais nos divinités champêtres, les nymphes aux jolis pieds, le bon vieux Pan avec sa flûte…

MERCURE.

Vous pouvez les garder. L’important, c’est d’abolir le culte de Jupiter. Alors Plutus, flatté de lui succéder, ne fera plus rien que pour vous, et comme vous l’entendrez.

CHRÉMYLE.

J’entends bien cela ; mais si les villes suivent notre exemple ?

MERCURE.

Plutus saura bien distinguer ceux qu’entraînera l’exemple de ceux qui les premiers auront eu l’idée de lui rendre les plus grands honneurs.

CHRÉMYLE.

Il est certain que la première idée vient de moi.

MERCURE, railleur.

J’en rendrai témoignage !

CHRÉMYLE.

Il est vrai que tu me l’as suggérée, mais…

MERCURE.

Mais tu l’avais déjà, conviens-en.

CHRÉMYLE.

C’est comme tu le dis, Mercure.

MERCURE.

Tu vois bien ! Allons, rendons-nous au temple pour ne pas arriver les derniers. (Clameurs et tumulte.) Écoute !

CHRÉMYLE.

Que signifient ces clameurs ? Est-ce que les autres vont déjà au temple de Jupiter ?

MERCURE.

Ils n’y vont pas, ils y courent !

CHRÉMYLE, effrayé.

Déjà ? au temple de Jupiter ! Tu veux que j’aille profaner le temple de Jupiter ?

MERCURE.

Ton intérêt l’exige, et voici Plutus qui s’apprête à être déifié sur son autel.


SCÈNE II.
MERCURE, CHRÉMYLE, PLUTUS, CARION.


PLUTUS, ivre, à Carion.

Oui, oui, la chose me plaît ! Me voilà Jupiter ! Jupiter, c’est moi ! Où es mon foudre ? Qu’on me donne mon foudre !

CARION, lui donnant une béquille.

Le voilà !