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ancien membre du parlement. De son côté, le lord-maire ouvrait à Londres une souscription. Enfin les principaux propriétaires du Lancashire se réunissaient chez l’un d’entre eux, lord Ellesmere, à Bridgewater-House, pour examiner la situation, qui s’aggravait rapidement. Il devenait urgent en effet de prendre des mesures efficaces pour organiser les secours et encourager, en les centralisant, les souscriptions que l’on savait prêtes à affluer. Le comité de Bridgewater-House se fondit avec celui de Manchester, on forma un grand comité nominal sous le nom du maire de cette ville, et un comité exécutif se chargea de répartir les souscriptions entre tous les districts frappés par le chômage. Lord Derby en fut président, sir James Kay vice-président, et il eut pour secrétaire M. Maclure, jeune homme actif, intelligent, et prêt à se dévouer tout entier à cette œuvre charitable. Il est à regretter qu’on n’ait pu fondre dans ce comité celui du lord-maire, qui persista à demeurer indépendant. Cette division devint dans la suite une source de difficultés pour la répartition des secours, car une répartition de ce genre, pour être rigoureusement équitable, doit se rapprocher autant que possible de l’égalité, et cette condition ne peut guère être obtenue que par l’unité d’action.

Le comité central de Manchester n’avait naturellement par lui-même aucune autorité sur les comités locaux avec lesquels il se hâta de se mettre en rapport. Ceux-ci, formés spontanément comme lui, distribuaient d’abord à leur guise les sommes qu’ils recueillaient directement ; mais les noms qui composaient le comité exécutif inspiraient confiance au public, et d’un commun accord il fut choisi par tous pour être l’intermédiaire du mouvement des dons volontaires, qui prenait en ce moment un si grand élan. L’argent remplit ses caisses, et dès lors aussi changèrent ses rapports avec les comités locaux. En leur accordant ou en leur refusant des subsides, il pouvait jusqu’à un certain point leur imposer son contrôle et ses volontés. Il usa de cette autorité pour leur faire adopter un système de secours à peu près uniforme, pour introduire de sages proportions dans la répartition, et pour apaiser les rivalités qui, même dans une œuvre charitable, pouvaient difficilement être prévenues.

Composé comme il l’est, le comité central ne peut se laisser entraîner dans aucune voie exclusive. Non-seulement tous les intérêts, mais les opinions les plus variées y sont représentés, et chaque fois qu’il aborde une question concernant un point des districts cotonniers, il est sûr de trouver dans son sein un membre connaissant à fond le sujet. Lord Derby, qui lui apporte le poids de son grand nom, de sa belle carrière, de son magnifique talent oratoire, et le