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64,706 liv. 1 shill. 11 den. ou 1,617,662 fr. par semaine. L’on a pris pour base de cette répartition une moyenne de 2 shill. (2 fr. 50 c.) à 2 shill. 6 den. (3 fr. 12 c.) par semaine et par tête.

Lord Derby, dans un discours, qu’on ne saurait trop méditer, se faisant l’organe du comité qu’il préside, indiquait ce chiffre de 2 shillings comme celui auquel il était indispensable de maintenir les secours pour faire vivre la population en y ajoutant 6 den. pour les nécessités de vêtemens et de chauffage imposées par les approches de l’hiver. Ce taux sans doute est en réalité plus élevé qu’il ne le paraît d’abord, lorsqu’on songe qu’il s’applique aussi bien aux enfans en bas âge qu’aux hommes valides, et qu’ainsi il assure à chaque famille en moyenne environ 10 ou 12 shill. par semaine; il est cependant à peine suffisant pour soutenir une population habituée à une vie aisée et surtout à une forte et abondante nourriture. Les différentes sources de secours dont j’ai parlé ne parviennent pas néanmoins à atteindre cette base de répartition; je trouve par exemple dans le tableau du paupérisme du 6 décembre, que la moyenne des secours donnés par le bureau des gardiens était de 1 shill. 5 d. 3/8 par tête et par semaine, et que dans certains districts elle n’était que de 1 shill. 1 den. Après avoir consulté ce tableau, le comité vote les sommes nécessaires pour compléter les secours dans chaque district et les élever au taux de 2 shill. ou 2 shill. 6 d. On opère de même pour les secours qui doivent être distribués par les comités locaux, et le comité central ne leur alloue des fonds qu’après s’être rendu un compte exact de la somme des secours distribués d’une manière quelconque dans chaque district. J’ai à peine besoin d’observer que ce taux n’est qu’une moyenne très générale, car, comme je le dirai plus tard, le salaire que recevait l’ouvrier en pleine activité de travail (in full time) est souvent pris pour base de la fixation du secours qui lui est accordé.

C’est dans le règlement de ce taux général que l’existence indépendante du comité du lord-maire est quelquefois devenue une cause de difficultés. Siégeant à Londres et n’étant pas composé de manière à connaître les vrais besoins de la situation, ce comité ne distribue pas toujours, dit-on, avec tout le discernement nécessaire les sommes considérables (395,866 livres 15 shillings 6 deniers, ou près de 10 millions, au 15 janvier) dont il dispose. On le trouve trop enclin à céder sans enquête à toutes les demandes qui lui sont adressées et à transformer la charité en largesses. Entendons-nous sur ce mot : ces largesses ne sont, Dieu le sait, qu’un peu plus que le strict nécessaire; mais lorsqu’elles viennent changer l’équilibre des répartitions et faire plus d’avantages à un district qu’à un autre, on peut les trouver injustes, et le comité central de Manchester est