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Leur actif consiste dans l’influence politique qu’elles donnent à la mère-patrie, dans le développement qu’elles impriment à l’industrie, au commerce et à la marine. Ce sont des élémens qu’il est impossible de chiffrer exactement, mais qui ont une très grande valeur, en contribuant au prestige et à la prospérité du pays.

Il n’en faut pas moins se préoccuper des sacrifices qu’imposent les colonies, et en Angleterre, où ces questions ont été plus particulièrement agitées, les argumens produits à l’appui d’une diminution de dépenses se sont inspirés en partie de la situation nouvelle que créait aux établissements d’outre-mer leur émancipation commerciale. Tant que les colonies étaient sous le joug direct et absolu de la métropole, il fallait bien que celle-ci pourvût sur ses propres fonds à tous leurs besoins, et qu’elle fît entièrement les frais d’une administration instituée surtout en vue de protéger contre les colonies elles-mêmes l’intérêt du commerce et de la navigation britanniques. Mais, lorsque le lien du monopole s’est relâché, on a pensé, non sans raison, qu’en abandonnant une portion de ses anciens droits, la mère-patrie pouvait se départir d’une portion correspondante de ses anciens devoirs, et que les colonies auraient à supporter désormais la charge du régime plus libre qui leur était octroyé. L’argument tiré de l’émancipation commerciale fut corroboré par les prétentions qu’élevaient en même temps les colonies pour obtenir, sinon l’émancipation politique pleine et entière, du moins la faculté de s’administrer elles-mêmes d’après le système des institutions représentatives, c’est-à-dire de voter l’impôt et de régler l’emploi des revenus sous le simple contrôle de l’autorité métropolitaine. Vainement quelques esprits timides ou attardés dans les vieilles doctrines essayèrent-ils de protester contre une innovation qui leur semblait ou périlleuse ou contraire à la dignité de la métropole. Les économistes, les financiers de la chambre des communes, enfin les hommes d’état qui ne se piquent pas de professer la théorie, mais qui s’honorent en ne la dédaignant pas quand elle est mûre pour la pratique, jugèrent que la majesté de la Grande-Bretagne ne serait atteinte en aucune façon par une réforme qui allégeait les dépenses de l’état, et aujourd’hui la discussion ne se poursuit plus que sur des points de détail, le principe du self-government étant admis en faveur de toutes les colonies où il a semblé praticable. Ainsi le point de départ des économies réalisées par le budget colonial de la Grande-Bretagne a été la réforme du régime commercial et politique, et l’on peut admettre comme une règle générale que le montant des dépenses qu’une métropole est obligée de s’imposer pour ses colonies, diminue en raison du degré de liberté qu’elle leur accorde. Cette règle, il est vrai, n’est point applicable partout dans