L’attention de l’Europe a été brusquement appelée sur les Arméniens de la Turquie, choisis particulièrement, à ce qu’il semble, comme victimes par la politique ottomane dans sa persécution à la fois systématique et violente des chrétiens d’Orient, Sous le nom d’Arméniens, l’Europe désignait volontiers hier encore un peuple de marchands épars, n’ayant d’autres soucis que leurs intérêts matériels et se préoccupant fort peu des grandes questions sociales qui agitent à cette heure tant de races opprimées. Elle apprend aujourd’hui qu’il y a là un ensemble de quatre millions d’hommes, toute une nation, à vrai dire. Les Arméniens de la Turquie forment à eux seuls une société de deux millions et demi d’individus. Ce groupe considérable, homogène, isolé au milieu des Turcs, ses oppresseurs, chrétien en présence des musulmans, intelligent et libéral en face