Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 44.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les 545 millions d’hectares de la Russie, inhabitables et inhabités pour la plupart, ne valent pas les 54 millions d’hectares de la France, situés sous un climat doux et tempéré, baignés par deux mers, arrosés par cinq grands fleuves et leurs innombrables affluens, et présentant le plus heureux mélange de plaines, de coteaux et de montagnes.

Vient alors le second élément, la population :


Russie 66 millions d’habitans.
France 37 —
Autriche 35 —
Royaume-uni 29 —
Italie (sans Rome et Venise) 22 —
Prusse 18 —
Allemagne 18 —
Espagne 16 —

La Russie occupe encore le premier rang par la masse de sa population, mais la France monte au second; il est en même temps à remarquer que la population ne doit pas être la mesure exacte de la puissance, puisque l’Autriche devrait être, par le nombre de ses habitans, la troisième puissance de l’Europe, tandis que le royaume-uni de Grande-Bretagne et d’Irlande ne viendrait qu’après, ce qui n’est certainement pas.

La première chose à constater pour apprécier la force d’une population, c’est sa densité. Ici les rôles changent :


Belgique 158 habitans par 100 hectares.
Pays-Bas 107 — —
Italie 95 — —
Royaume-uni 93 — —
Allemagne 74 — —
France 68 — —
Prusse 64 — —
Autriche 54 — —
Espagne 31 — —
Turquie 17 — —
Russie 12 — —

La France est donc moins peuplée que la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, le royaume-uni et l’Allemagne; elle ne dépasse que la Prusse, l’Autriche, l’Espagne, la Turquie et la Russie. Ce tableau doit nous donner beaucoup à réfléchir, car il n’y a aucune raison tirée de la nature des choses qui puisse expliquer cette infériorité. A en juger par ses conditions naturelles, la France devrait être le pays le plus peuplé de l’Europe ; il n’en est pas qui offre plus de ressources. Heureusement les pays où la population est plus pressée ont moins d’étendue territoriale que le nôtre; la France est relativement plus peuplée que les états qui l’emportent sur elle en grandeur superficielle, ce qui rétablit sa position.

Voilà pour le présent; quant à l’avenir, ce qui permet de le connaître